GENEVE, 30 mai (Reuters) - Reporter la tenue des Jeux olympiques de Rio de peur qu'ils n'accélèrent la propagation du virus Zika créerait un "faux sentiment de sécurité", a déclaré David Heymann, haut responsable britannique de la santé.

"Le problème, s'il y en a un, ce ne sont pas les Jeux olympiques, mais les autres déplacements", a dit le président de l'Agence britannique de protection sanitaire (HPA), qui dirige par ailleurs la commission d'experts indépendants sur le virus Zika mise en place par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

"Les gens vont et viennent tout le temps au Brésil, pour les vacances, pour des affaires...", a-t-il ajouté dans une interview téléphonique.

Quelque 150 experts ont appelé vendredi à un report ou à une délocalisation des Jeux, prévus du 5 au 21 août à Rio de Janeiro, en raison de l'épidémie de virus Zika qui sévit au Brésil. L'OMS a rejeté leur demande, soulignant ce week-end que "rien ne justifie de repousser ou d'annuler les Jeux pour des motifs de santé publique".

Le virus, propagé notamment par les piqûres de moustique de genre Aedes, a été associé à des cas de microcéphalie, une malformation congénitale affectant le développement cérébral des nouveaux-nés, et au syndrome de Guillain-Barré, une maladie du système nerveux dont les formes les plus graves peuvent entraîner des paralysies.

Observant que les Jeux se dérouleront durant l'hiver austral, une période où les moustiques sont moins présents, David Heymann estime que "dire qu'en repoussant les Jeux, on repousse la globalisation de cette épidémie créerait un faux sentiment de sécurité".

Il préconise cependant que les athlètes et visiteurs en âge d'avoir des enfants ou enceintes qui se rendront à Rio se protègent contre les piqûres de moustiques en utilisant notamment des produits répulsifs. Il leur recommande aussi d'avoir des rapports sexuels protégés à leur retour pendant une période de trois à quatre semaines, des cas de transmission du virus par voie sexuelle ayant été observés. (Stephanie Nebehay; Henri-Pierre André pour le service français)