Francfort (awp/afp) - Le système financier en zone euro reste globalement à l'abri de grandes tensions, l'inquiétude se focalisant sur des pays fragiles qui pourraient voir leur coût de refinancement grimper, selon la BCE qui ne cite pas les Etats concernés.

"Les risques pour la stabilité financière découlant des marchés financiers restent importants, principalement en raison de la possibilité d'une reprise rapide des prix", a souligné mercredi l'institution de Francfort (ouest) dans son état des lieux bi-annuel des principaux risques qui planent sur la stabilité financière en zone euro.

Depuis six mois et l'élection surprise de Donald Trump comme président des Etats-Unis, les pays forts de la zone euro, en particulier l'Allemagne, ont vu le coût de leurs emprunts publics se maintenir à un niveau très bas, les investisseurs cherchant un havre de sécurité pour placer leurs abondantes liquidités. La France a pu aussi bénéficier de meilleurs conditions d'emprunt grâce à l'élection d'Emmanuel Macron à la présidence du pays.

La reprise économique se fortifiant en zone euro, le coût d'emprunt des Etats devrait se ressaisir au fur et à mesure que les marchés trouveront d'autres opportunités de placements plus intéressantes.

La BCE souligne en même temps "les risques d'une hausse brusque des rendements des obligations publiques sans une amélioration simultanée des perspectives de croissance".

Un tel phénomène pourrait intervenir dans le sillage de la hausse des rendements obligataires aux États-Unis ou du fait de l'aversion de prêteurs au risque, en faisant payer le prix à certains pays présentant une incertitude sur leur avenir politique.

Un regain durable de l'inflation pourrait également pousser la BCE à s'engager plus vite que prévu vers la sortie de son programme massif d'achat d'actifs. Par un effet mécanique, les taux sur certains emprunts d'Etats repartiraient à la hausse, ne bénéficiant plus de l'effet d'amortisseur de la BCE.

Quelle que soit l'évolution à attendre des rendements de la dette des Etats, "des réformes structurelles et des efforts d'ajustement budgétaires insuffisants (...) pourraient exercer une pression sur la viabilité des finances publiques dans certains pays", martèle la BCE, qui demande aux gouvernements retardataires, comme d'habitude sans les citer, de faire leurs devoirs avant qu'il ne soit trop tard.

La BCE pointe par ailleurs la persistance d'une faible rentabilité dans les banques de la zone euro, du fait des taux d'intérêt au plus bas et d'importants stocks de créances douteuses, tandis que des surcapacités demeurent sur un marché bancaire très concurrentiel.

Concernant le Brexit, cet événement encore lointain "s'ajoute au niveau d'incertitude politique qui prévaut", note le document, mais sans constituer pour l'heure l'une des principales préoccupations pour la stabilité financière de la zone euro.

afp/al