Vienne (awp/afp) - Une hausse des salaires est souhaitable pour obtenir le niveau souhaité d'inflation dans la zone euro, souligne dans une interview jeudi l'Autrichien Ewald Nowotny, membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE).

"Les Banques centrales ont jusqu'à présent mis en garde contre de trop fortes hausses de salaires. Il en va désormais autrement", relève le patron de la Banque centrale autrichienne dans un interview au quotidien Standard.

La déconnexion entre la reprise de la croissance économique d'un côté et une inflation et des salaires toujours faibles de l'autre est une préoccupation pour les banquiers centraux, a-t-il rappelé.

"Vu la baisse notable du chômage, on pourrait s'attendre à des hausses plus importantes des salaires dans le monde. Mais ce n'est pas le cas." Aussi, "les Banques centrales militent pour des hausses plus importantes des salaires afin d'obtenir une inflation adéquate", note M. Nowotny.

Parmi les facteurs expliquant la modération des salaires figurent selon lui la mondialisation, qui a "augmenté la pression sur les marchés du travail", mais aussi la généralisation du travail précaire et les "réformes structurelles" qui ont "affaibli le pouvoir de négociation des syndicats".

Malgré les efforts de la BCE, qui maintient son principal taux directeur à 0% depuis mars 2016 et mène une politique d'achats massifs d'actifs, le taux d'inflation dans la zone euro peine à décoller.

A 1,5% sur un an en septembre, ce taux est resté le même qu'en août, et demeure en deçà de l'objectif de la banque européenne, qui vise une hausse des prix légèrement inférieure à 2,0%.

L'évolution du programme d'achats d'actifs, dite d'"assouplissement quantitatif", devrait être l'une des questions abordées lors du prochain conseil des gouverneurs de la BCE, prévue le 26 octobre.

"Nous ne pouvons pas arrêter les achats d'un coup. Mais nous devons réfléchir à la façon de revenir à la normale", a jugé M. Nowotny. "Ce serait une erreur et un problème en Europe d'attendre trop longtemps", estime-t-il.

afp/rp