Le numéro un mondial du luxe, propriétaire de 70 marques dont Louis Vuitton, Dior, Moët & Chandon ou Sephora, a annoncé que le montant dû par ses marques au fonds carbone lancé en 2016 serait doublé à 30 euros à compter de 2018.

Les maisons du groupe sont tenues d'investir cette somme dans des projets innovants chaque fois qu’elles émettent une tonne de gaz à effet de serre et 6,7 millions d’euros ont été investis via ce fonds en 2016.

L'industrie du luxe a pris, depuis quelques années, la mesure des effets potentiellement ravageurs que peuvent avoir sur leur image une mauvaise prise en compte des enjeux environnementaux et sociaux.

Car le secteur qui affiche des ambitions de qualité et de durabilité voit aussi mécaniquement augmenter son impact environnemental avec la mondialisation de marques dont les ventes dépassent les 8,0 milliards d'euros pour Vuitton, cinq milliards pour Hermès ou quatre milliards pour Gucci, propriété de Kering).

"Ce qui motive les groupes de luxe à être de plus en plus vigilants, c'est le risque de réputation qu'ils encourent", commente Olivier Abtan, directeur associé au cabinet Boston Consulting Group.

"Quand vous revendiquez l'excellence, vous ne pouvez pas être perçu comme un pollueur de la planète", ajoute-t-il.

Nombres d'entreprises ont ainsi renforcé leurs pratiques de recyclage et de contrôles en matière d'approvisionnement, d'économies d'eau, de packaging, de transport ou d'éclairage.

SURVEILLANCE DES ONG

Dans le même temps, le luxe doit s'adapter aux attentes des nouvelles générations de consommateurs très sensibles aux questions environnementales et du bien-être animal.

En outre, le secteur est mis sous surveillance par des organisations non gouvernementales comme la très active association de défense des animaux People of the Ethical Treatment of Animals (Peta).

En 2015, la chanteuse Jane Birkin avait demandé à Hermès de débaptiser l'emblématique sac qui porte son nom pour protester contre les pratiques d'abattage dans une ferme de crocodiles dénoncées par cette association.

"Les clients sont de plus en plus sensibles au fait que les produits qu'ils utilisent respectent mieux l'environnement", a déclaré à la presse Bernard Arnault, PDG de LVMH, en marge de la célébration des 25 ans de la création au sein du groupe d'une direction dédiée à l'environnement.

Le luxe, qui fonde son modèle sur la pérennité et la transmission, est également contraint de s'engager pour préserver sur le long terme les ressources naturelles dont il dépend, comme les mines pour la joaillerie, les plantes pour la parfumerie ou l'élevage responsable pour la maroquinerie.

"Nous n'avons pas d'autre choix que de préserver les matières premières rares et précieuses qui sont notre patrimoine commun", a souligné Bernard Arnault.

LVMH, qui a réactualisé l'an dernier son programme "LIFE" lancé en 2012, se fixe pour objectif de réduire de 25% les émissions de CO2 du groupe entre 2013 et 2020 et vise, à cette échéance, à ce que 70% des cuirs utilisés soient issus de tanneries certifiées LWG (Leather working group).

Le groupe a précisé que le montant consolidé de ses dépenses environnementales avait atteint 23,8 millions d'euros en 2016.

Très actif dans sa communication en la matière, Kering, propriétaire de Gucci, Saint Laurent ou Bottega Veneta, s'est doté en 2012 d'un comité de développement durable au sein de son conseil d'administration et publie depuis 2015 un compte de résultat environnemental.

Il compte aussi, dans ses écuries, Stella McCartney, qui a fait des sacs en cuir synthétique sa marque de fabrique.

(Edité par Jean-Michel Bélot)

par Pascale Denis