En marge de la présentation de ses résultats semestriels, la direction de Gecina a longuement évoqué l'OPA sur Foncière de Paris (FDP) qui l'oppose à une autre foncière cotée, Eurosic, et qui devrait s'ouvrir la semaine prochaine. Gecina entend convaincre les grands actionnaires de FDP de lui préférer son offre mieux-disante à celle d'Eurosic, et ajoute qu'elle a interpellé l'AMF à ce sujet.

Pour mémoire, une bataille d'OPA oppose deux foncières de bureaux parisiennes, Eurosic d'un côté, et Gecina, plus imposante, de l'autre, quant au contrôle d'une troisième, Foncière de Paris. La première propose une offre comprenant 136 euros en espèces, et des offres en OSRA et en titres, quand l'autre propose notamment 150 euros en cash, ainsi que des offres alternatives.

A la Bourse de Paris pour l'heure, l'action Foncière de Paris cote 141 euros, en légère hausse de 0,7%.

Problème : Foncière de Paris (FDP), qui avait initialement recommandé l'offre d'Eurosic, a finalement considéré que celle de Gecina était la mieux-disante. Cependant, Eurosic a maintenu les conditions de son offre initiale, critiquant celle de Gecina par une série de communiqués de presse auxquels Gecina a en partie répondu.

Eurosic, qui a récemment acquis près de 27% du capital de FDP auprès d'assureurs (Generali et Allianz), peut aussi se prévaloir du soutien du groupe de mutuelles Covéa (qui détient non seulement 29,6% de FDP, mais aussi 21,8% d'Eurosic). Covéa a confirmé, le 18 juillet, préférer toujours l'offre d'Eurosic à celle de Gecina. Sans même parler d'ACM Vie et de La Tricogne, autres grands actionnaires de FDP, qui sont sur la même longueur d'ondes. Dans ce contexte, et sauf changement de pied, Eurosic semble assuré d'atteindre le seuil des 50% du capital de FDP, condition du succès de l'opération, face à Gecina.

Qu'en pense Gecina ? Dans des termes vifs, le président du conseil d'administration, Bernard Michel, secondé par le directeur général Philippe Depoux, a réaffirmé ce matin sa détermination à “aller jusqu'au bout” dans le dossier Foncière de Paris. Il a notamment souligné que l'actif net réévalué par action FDP, à sa valeur de reconstitution, se situait à 149 euros au 30 juin, chiffre plus proche de sa proposition que de celle d'Eurosic. Tout en relevant que l'opération s'annonce relutive pour Gecina, ainsi que la complémentarité des patrimoines parisiens de Gecina et de FDP.

M. Michel n'a pas caché sa colère : selon lui, que certains actionnaires de FDP préfèrent l'offre moins-disante d'Eurosic à celle de Gecina, reconnue “à sa grande satisfaction” comme telle par FDP, pose rien de moins que “des questions sur les principes directeurs du marché boursier parisien”.

Un axiome boursier veut en effet que dans le souci de maximisation de valeur pour l'actionnaire que permet un marché réglementé, l'offre la mieux-disante reçoive la faveur des investisseurs. D'autant que dans le cas de FDP, certains petits porteurs, représentés notamment par l'Association des actionnaires minoritaires (Adam) de Colette Neuville, ont déjà fait savoir qu'ils ne partageaient par le point de vue des “gros porteurs”. L'enjeu est d'importance, la proportion du capital de FDP n'étant pas aux mains d'investisseurs institutionnels étant proche de 20%.

M. Michel a aussi déclaré que les investisseurs internationaux suivaient ce dossier de près, et qu'il en va selon lui de l'attractivité de la place financière de Paris.

De quelle marge de manoeuvre dispose Gecina ? Le groupe entend essayer de convaincre, autant que faire se peut, les actionnaires de FDP préférant Eurosic, dont les choix ne sont pas encore irrévocables, de changer d'avis. A cette fin, Gecina rappelle que depuis le début de l'affaire, Le Conservateur, à la tête de 5,5% de FDP, a changé son fusil d'épaule et préfère maintenant l'offre de Gecina. Et que le groupe Zurich, qui détenait moins de 3% des parts de FDP à fin 2015, a également opté pour l'offre de Gecina.

Reste à savoir si les “gros porteurs” de FDP se laisseront eux aussi persuader. Gecina déclare avoir rencontré directement ACM Vie (11,5% du de FDP) et La Tricogne (5,8% de FDP), qui pour l'heure sont toujours favorables à Eurosic. Une rencontre qui n'a apparemment pas été possible avec Covéa.

En attendant, Bernard Michel interpelle l'Autorité des marchés financiers (AMF), le régulateur financier hexagonal, qu'il a saisi du communiqué diffusé par Eurosic le 18 juillet.

Et maintenant ? L'OPA de Gecina sur FDP devrait s'ouvrir la semaine prochaine, après l'AGE prévue le 27 juillet.

Enfin, Gecina a aussi pris acte des critiques formulées par Gouvernance en Action, le cabinet de Fabrice Rémon, par ailleurs fondateur de Deminor France, revendu depuis au “proxy advisor” ISS. Gouvernance en Action s'est notamment donné pour mission de faire valoir 'les intérêts des investisseurs (...) bafoués', et se déclare mandaté pour représenter un actionnaire à l'AGE de Gecina, la semaine prochaine.

Le cabinet a soulevé les critiques qu'il compte présenter à l'AGE de Gecina et qui ont été relayées hier dans la presse, dans les colonnes de l'Agefi, puis par un communiqué de presse. Gecina annonce qu'une réponse détaillée à Gouvernance en Action sera publiée dans le courant de la journée.

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