PARIS, 24 décembre (Reuters) - Le député socialiste Patrick Menucci, candidat potentiel à la mairie de Marseille, demande une enquête parlementaire pour déterminer si Bernard Tapie a acquis dans des conditions loyales les journaux du groupe Hersant dans le sud de la France.

Malgré ses dénégations, l'homme d'affaires et ancien président de l'Olympique de Marseille est soupçonné de vouloir se servir de ces titres, et notamment de La Provence, principal quotidien de la cité phocéenne, pour revenir en politique à l'occasion des municipales de 2014. (voir )

Pour Patrick Menucci, qui a dit la semaine dernière, dès l'annonce du rachat, que l'homme d'affaires avait toujours rêvé d'être maire de Marseille", les conditions de l'opération ne sont pas claires et les parlementaires doivent les étudier.

"Je dis qu'il y (a) une odeur de carambouille dans cette affaire", a-t-il dit lundi sur i-télé.

Il rappelle que les banques vont abandonner une créance de 165 millions d'euros sur Groupe Hersant médias (GHM) en échange d'une offre conjointe de 50 millions d'euros par Bernard Tapie et Philippe Hersant pour reprendre les journaux du sud de GHM, dont les très rentables Corse-Matin et Nice-Matin.

Les groupes qui ont fait des offres concurrentes, dont le belge Rossel, auraient selon lui été désavantagés, Bernard Tapie ayant pu disposer "d'informations privilégiées".

"D'après ce que disent ces groupes, il n'ont pas eu accès à beaucoup de documents et donc ça me semble aussi un élément que l'Assemblée nationale doit vérifier parce qu'elle est comptable aussi de la liberté de commerce", a ajouté le député.

Patrick Menucci affirme que sa demande a reçu un "accueil positif" du président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale et rappelé que chaque groupe avait le droit d'obtenir la création de telles commissions d'enquête parlementaire.

Selon Bernard Tapie, le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg a essayé de bloquer le rachat des journaux du groupe Hersant médias (GHM), ce qui est nié par l'exécutif.

Dans le Journal du dimanche, l'homme d'affaires explique que le dirigeant du groupe de presse belge Rossel lui a dit que la pression avait bien existé et qu'il l'avait enregistrée.

L'ancien ministre de François Mitterrand a répété dans de nombreux médias depuis vendredi qu'il n'avait plus d'ambitions politiques et qu'il avait tourné la page.

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault s'est réjoui samedi que les journaux de GHM continuent d'exister.

"Il y avait le risque de voir disparaître des titres de journaux", a-t-il dit à des journalistes. "Il est très difficile de retrouver un repreneur. Ce qui est important, c'est que ces journaux puissent continuer à exister." (Yves Clarisse)