* Tapie va hypothéquer son hôtel particulier et lever le secret sur ses comptes

* Son avocat prédit que l'escroquerie en bande organisée ne tiendra pas

* "Tout démontre qu'il y a eu un véritable arbitrage", dit Me Témime (Actualisé avec avocat Tapie)

PARIS, 7 novembre (Reuters) - Bernard Tapie a annoncé jeudi aux juges en charge de l'enquête sur l'arbitrage l'opposant au Crédit Lyonnais qu'il allait mettre son patrimoine en garantie pour assurer ses engagements dans le Groupe Hersant Media (GHM) de quotidiens régionaux.

L'homme d'affaires a été entendu au pôle financier à Paris trois mois après sa mise en examen pour escroquerie en bande organisée dans le dossier de cet arbitrage controversé qui lui a accordé 403 millions d'euros en 2008, ce qu'il demandait.

Bernard Tapie a informé les juges qu'il avait décidé, en raison de la saisie d'une partie de ses biens, "de prendre des garanties sur son patrimoine personnel" pour pouvoir assurer ses engagements dans GHM, a indiqué son avocat sur BFM TV.

Il va ainsi hypothéquer son hôtel particulier du VIe arrondissement de Paris, a précisé Me Hervé Témime.

L'homme d'affaires a également annoncé qu'il levait le secret bancaire sur tous ses comptes, "dans le monde entier", pour faire taire "les absurdités et les fantasmes imbéciles" qui ont été colportés.

L'avocat a indiqué qu'il n'excluait pas de demander l'annulation de la mise en examen de son client d'ici à la fin décembre et a prédit que la qualification d'escroquerie en bande organisée "ne tiendra pas au temps".

Dénonçant un "pré-jugement médiatique", Hervé Témime a rapporté que Bernard Tapie avait dénoncé devant les juges les violations répétées du secret de l'instruction.

"UN VERITABLE ARBITRAGE"

Le défenseur a assuré que les informations du journal Le Monde, selon lequel l'arbitre Pierre Estoup avait entre 1997 et 2006 touché 808.987 euros d'honoraires relatifs à des dossiers liés à Mes Maurice Lantourne et Francis Chouraqui, avocats de Bernard Tapie, étaient totalement fausses.

"Tout démontre qu'il y a eu un véritable arbitrage, une véritable délibération (...) on n'a pas trouvé un seul élément qui permettrait de démontrer, voire même de déduire, qu'il ait pu y avoir une alliance quelconque entre des parties qui étaient opposées", a-t-il dit.

Dans un entretien aux Echos de lundi, Bernard Tapie a estimé être victime de "tout l'appareil d'Etat, un Etat socialiste qui, au nom de la justice et de la morale, bafoue en toute conscience les principes élémentaires du droit."

Début octobre, l'Etat l'a assigné pour "faute" dans l'ensemble de la procédure arbitrale dans le dossier qui l'opposait au Crédit Lyonnais à propos de la vente d'Adidas. En outre, la plupart de ses biens ont été mis sous séquestre.

Il est aussi visé par une information judiciaire pour fraude fiscale, après deux plaintes du ministère de l'Economie.

L'homme d'affaires n'avait été entendu jusque-là que par les policiers lors d'une garde à vue de 96 heures à Paris, dans une salle réservée aux auditions sous surveillance médicale.

Outre Bernard Tapie, quatre autres personnes ont été mises en examen pour "escroquerie en bande organisée" dans ce dossier, où les enquêteurs soupçonnent un "simulacre d'arbitrage".

Il s'agit de Pierre Estoup, l'un des trois arbitres, Stéphane Richard, le PDG d'Orange, de Jean-François Rocchi, l'ancien président du Consortium de réalisation (CDR), structure chargée de liquider le passif du Lyonnais, et de Maurice Lantourne, l'un des avocats de Bernard Tapie.

Pierre Estoup a été également mis en examen mardi pour "faux et usage de faux".

Les juges le soupçonnent de liens professionnels anciens avec Me Maurice Lantourne et estiment qu'il a menti lorsqu'il a été désigné juge arbitral en certifiant ne pas être lié aux parties en présence dans une déclaration d'indépendance signée le 16 novembre 2007. (Gérard Bon, avec Nicolas Bertin, édité par Yves Clarisse)