Tidjane Thiam, dont l'arrivée à la tête de la banque suisse a été annoncée mardi, pourrait ainsi supprimer 150 milliards de francs suisses (141 milliards d'euros) d'actifs de la division taux fixe, matières premières et changes (FICC).

Le nouveau directeur général supprimerait plus précisément 2.900 postes dans la banque d'investissement pour en ramener les effectifs à 16.500 salariés afin de réduire les coûts, explique Kian Abouhossein, analyste de JPMorgan, dans une note à la clientèle.

Ce dernier est passé de "sous-performer" à "surperformer "sur l'action Credit Suisse, avec un objectif de cours de 28 francs.

Le titre Credit Suisse gagne 0,96% à 25,24 francs mercredi vers 13h00 GMT après avoir pris 8% mardi suite à l'annonce de la nomination de Tidjane Thiam.

"Nous pensons que le nouveau directeur général pense en termes de rendement des fonds propres et il se peut, à notre avis, qu'il ait pour tâche de faire croître la banque privée de Credit Suisse en Asie", note Kian Abouhossein, qui estime que réduire le segment banque d'investissement serait bénéfique au point de vue de l'endettement et de la solidité du capital.

Les actifs pondérés du risque de la banque d'investissement pourraient ainsi être réduits de 50 milliards de francs pour être ramenés à 100 milliards de francs, estime-t-il.

Credit Suisse a annoncé mardi l'arrivée prochaine à sa tête du Franco-Ivoirien Tidjane Thiam, actuel directeur général de Prudential, au moment où la banque suisse doit faire face à de lourdes amendes aux Etats-Unis et à de nouvelles contraintes réglementaires.

L'Américain Brady Dougan, directeur général de Credit Suisse depuis 2007, laissera sa place fin juin à l'ex-ministre ivoirien, qui dirige depuis 2009 le premier assureur britannique par la capitalisation boursière.

Brady Dougan a été critiqué pour ne pas avoir suffisamment réduit les activités de banque d'investissement, qui rendent Credit Suisse plus dépendant des revenus du trading que son rival helvétique UBS et que la plupart des banques européennes.

Credit Suisse a réduit la taille de sa banque d'investissement de 22% ces dernières années, soit moins qu'UBS (56%), Barclays (37%) ou Deutsche Bank (28%), selon les données de Goldman Sachs.

La banque d'investissement est devenue moins rentable à cause de nouvelles règles qui obligent les établissements à renforcer leurs fonds propres.

"La nouvelle direction renforce le potentiel pour une nouvelle stratégie", explique Matt Spick, analyste à Deutsche Bank. "Vu le profil du directeur général entrant, nous nous attendons à voir l'accent mis sur les revenus de la gestion de fortune, probablement aussi sur les marchés émergents, et à une réduction supplémentaire de l'activité banque d'investissement".

(Steve Slater; Wilfrid Exbrayat et Patrick Vignal pour le service français)