* Les autorités fédérales étaient contre la fusion

* Un échec pour le PDG de Comcast

* Charter discute avec TWC, selon une source (Actualisé avec la mention source, cours actualisés)

par Devika Krishna Kumar

24 avril (Reuters) - Les câblo-opérateurs américains Comcast et Time Warner Cable ont annoncé vendredi l'abandon de leur projet de fusion d'un montant de 45 milliards de dollars (41,5 milliards d'euros), qui se heurtait à l'opposition des autorités de la concurrence.

Cet échec laisse le champ libre à d'éventuelles nouvelles offres sur Time Warner Cable mais il pourrait aussi freiner l'activité des fusions-acquisitions dans le secteur du câble aux Etats-Unis, qui a connu ces dernières années une phase de consolidation rapide, encouragée par l'essor de la télévision par satellite et l'émergence sur internet de nouveaux entrants comme Netflix.

Néanmoins, Charter Communications a ouvert des discussions avec Time Warner Cable en vue de le racheter, selon une source proche du dossier. Charter a contacté des banques ces dernières semaines dans le but de monter le financement d'une éventuelle offre, donc avant même que Comcast eut annoncé qu'il jetait l'éponge.

Charter s'est abstenu de tout commentaire. Time Warner n'était pas joignable dans l'immédiat. Cette information relative à Charter avait été donnée dans un premier temps par Bloomberg.

A Wall Street, l'action Comcast a fini sur un gain de 0,7%, tandis que Time Warner Cable a pris 4,4% et que Charter a avancé de 1,3%.

Charter Communications avait en vain tenté de racheter Time Warner Cable l'an dernier et son actionnaire majoritaire, Liberty Media, a depuis clairement dit qu'il restait intéressé.

"La pression en faveur d'une consolidation d'un secteur très concurrentiel va se maintenir", estime John Tinker, analyste de Maxim Group.

Les analystes de Needham pariaient pour leur part sur une offre de Charter sur Time Warner Cable "au cours des trois prochains mois".

L'OPA amicale de Comcast sur Time Warner Cable, annoncée il y a plus d'un an, avait suscité des interrogations et des critiques parfois véhémentes dans le secteur des médias, dans les milieux politiques et parmi les associations de consommateurs car elle promettait de donner naissance à un mastodonte du câble.

En février de l'an dernier, lors de l'annonce du projet initial, Comcast revendiquait en effet 22 millions d'abonnés et Time Warner Cable 12 millions.

"Nous avions élaboré le projet de telle manière que si le gouvernement n'était pas d'accord, nous pouvions faire marche arrière", a expliqué Brian Roberts, le PDG de Comcast, dans un communiqué.

Une fusion entre Comcast et Time Warner Cable aurait créé un groupe contrôlant près de 30% du marché de la télévision payante aux Etats-Unis, même après les cessions d'actifs promises par les deux groupes, et qui serait devenu le fournisseur d'accès internet à haut débit de près de 40% des foyers américains.

Tom Wheeler, le président de la Federal Communications Commission (FCC), l'autorité de tutelle des câblo-opérateurs aux Etats-Unis, a estimé que la fusion aurait posé "un risque inacceptable pour la concurrence et l'innovation".

L'Attorney General (équivalent du ministre de la Justice) Eric Holder, lui, a estimé que l'abandon du projet de fusion constituait "la meilleure solution pour les consommateurs américains".

Pour défendre la fusion et réfuter les arguments liés à la concurrence, Comcast arguait du fait que les réseaux des deux groupes ne se chevauchaient pratiquement pas. Il avait aussi proposé de vendre certains actifs.

L'abandon du projet constitue évidemment un revers pour Brian Roberts. "Aujourd'hui, nous passons à autre chose", a-t-il dit dans le communiqué. (avec Supantha Mukherjee à Bangalore et Liana B. Baker, Marc Angrand et Wilfrid Exbrayat pour le service français)