Dans le schéma initial, le PDG de Lafarge Bruno Lafont devait devenir directeur général du futur ensemble et Wolfgang Reitzle, président d'Holcim, président du conseil d'administration du nouveau groupe. Mais face aux réticences exprimées côté helvète, Bruno Lafont a renoncé au rôle de directeur général pour partager avec Wolfgang Reitzle un rôle de co-président non exécutif.

"Je pense fermement que nos racines et nos valeurs franco-suisses, telles que la capacité à rendre des comptes, la prédictabilité et la fiabilité, nous permettront de créer avec succès ce champion global aux cultures et aux facettes multiples" a déclaré Eric Olsen à Zurich lors de son premier discours depuis sa nomination.

Franco-américain de 51 ans, Eric Olsen a rejoint Lafarge en 1999 après avoir commencé sa carrière chez Deloitte & Touche.

Il a été directeur de la stratégie et directeur financier de l'activité nord-américaine du groupe, un temps cotée en Bourse, a dirigé les ressources humaines de Lafarge et devait initialement superviser le Moyen-Orient et l'Afrique dans le futur LafargeHolcim.

Le choix d'un nouveau directeur général, que le groupe français tenait à choisir en amont en vertu de l'esprit de "fusion entre égaux" du projet initial d'avril 2014, restait le dernier point sensible à régler après le compromis du 20 mars sur le ratio d'échange.

Ce jour-là, les deux groupes ont modifié en faveur d'Holcim la parité d'échange initiale pour refléter la différence de performance entre les entreprises et la flambée récente du franc suisse.

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE LE 8 MAI

Parmi les actionnaires d'Holcim, le fonds américain Harris Associates avait prévenu qu'il ne déciderait de voter ou non en faveur du projet de fusion, à l'AG du 8 mai, qu'une fois le nom du nouveau directeur général connu.

"Nous sommes convaincus que nous aurons suffisamment de voix pour le deal", a dit Wolfgang Reitzle au cours de la conférence de presse organisée pour la nomination d'Eric Olsen. A ses côtés, Bruno Lafont a déclaré qu'il était dans l'intérêt de tous les actionnaires de soutenir le projet LafargeHolcim.

Vers 13h30, l'action Lafarge prend 4,5% à la Bourse de Paris, tandis qu'à Zurich le titre Holcim gagne 3,1%.

"Le profil (d'Eric Olsen) est intéressant dans la mesure où il combine expérience à l'international, dans différents départements, dans le cadre parfois de missions spécifiques au domaine du M&A", commente Aurel BGC dans une note. "Son expérience est donc très variée et devrait être un atout pour diriger un groupe de taille mondiale présent dans 90 pays."

Holcim doit encore obtenir l'aval de deux tiers de ses actionnaires pour procéder à l'augmentation de capital qui structurera l'offre d'échange entre les actions Lafarge et Holcim, dans un ratio de dix pour neuf.

Répondant à une autre critique de la partie suisse sur l'intérêt pour Holcim de la fusion, Eric Olsen a déclaré que les deux groupes étaient déterminés à réaliser les synergies de 1,4 milliard d'euros prévues, et que le travail depuis un an du comité d'intégration avait montré que ces synergies potentielles étaient "réelles".

Dévoilé en avril 2014, la fusion entre les deux groupes doit donner naissance à un nouveau numéro un mondial du ciment, du béton et des granulats pesant plus de 40 milliards de dollars de chiffre d'affaires combiné. Fin mars, les deux groupes ont dit espérer boucler leur projet de mariage en juillet.

(Avec Leila Abboud, Bertrand Boucey et Benjamin Mallet, édité par Jean-Michel Bélot)

par Gilles Guillaume et Oliver Hirt

Valeurs citées dans l'article : LAFARGE, Holcim Ltd