Les actionnaires ont voté à 54% contre cette rémunération, qui a atteint 7,2 millions d'euros pour l'exercice 2015.
Ce montant intègre un salaire fixe de 1,23 million d'euros, une part variable de 1,78 million et 4,18 millions sous forme de stock-options et de bonus différés.
L'Etat actionnaire à 19,74% a voté contre la résolution fixant cette rémunération comme il l'avait fait en conseil d'administration, a fait savoir le ministère de l'Economie.
"Depuis 2012, le gouvernement a tenu une position constante, appelant à la modération des rémunérations des dirigeants d'entreprise, à commencer par les entreprises à participation publique", a rappelé Bercy à Reuters.
Mais le conseil d'administration, qui s'est réuni après l'assemblée générale en l'absence de Carlos Ghosn, a confirmé les rémunérations du PDG "contre l'avis des représentants de l'Etat", a-t-on ajouté de même source.
Dans un communiqué publié à l'issue de sa réunion, le conseil a cependant précisé qu'il avait chargé le comité des rémunérations d’examiner "les évolutions utiles" en la matière pour 2016 et les années suivantes.
Lors de l'assemblée générale, Pierre-Henri Leroy, le fondateur de Proxinvest, société de conseil aux actionnaires, a ouvertement critiqué la rémunération de Carlos Ghosn.
"C'est inacceptable. Ce manque à l'exemplarité est inacceptable", a-t-il déclaré à l'adresse du PDG. "Vous avez d'immenses qualités mais celle-là vous ne l'avez pas."
Carlos Ghosn a répondu que sa rémunération relevait de la compétence du conseil d'administration de Renault.
"Le conseil ne décide pas sur la base d’un caprice, il a délégation de votre part", a dit le PDG. "C’est le conseil qui juge des personnes qu’il souhaite pour diriger l’entreprise, c’est le conseil qui juge si la façon dont le PDG est payé est conforme à ses efforts, ses talents."
La rémunération des dirigeants n'est pas réglementée mais doit répondre aux recommandations du code patronal Afep-Medef.
L'assemblée générale des actionnaires de PSA a approuvé mercredi à une large majorité la résolution relevant la rémunération du président du directoire Carlos Tavares, qui a pourtant suscité la controverse le mois dernier.
(Avec Emmanuel Jarry, édité par Cyril Altmeyer)
par Laurence Frost et Matthieu Protard