par Kylie MacLellan

LONDRES, 23 octobre (Reuters) - Le Royaume-Uni pourrait abaisser l'impôt sur les sociétés à 10% si l'Union européenne refuse d'accepter un accord commercial post-Brexit ou interdit l'accès du marché unique aux banques basées à Londres, rapporte dimanche le Sunday Times en citant une source proche du gouvernement.

L'idée de diviser par deux l'impôt sur les sociétés, actuellement à 20%, a été avancée par des conseillers de la Première ministre Theresa May dans l'éventualité de négociations difficiles avec l'UE sur les conditions de sortie de la Grande-Bretagne.

En brandissant cette arme, Londres espère persuader l'UE de laisser à ses banques le "passeport" leur permettant de continuer d'offrir leurs services à travers le bloc, ajoute le journal.

"Les gens disent qu'on n'a pas de cartes en main", a dit la source au Sunday Times. "Nous avons quelques bonnes cartes à jouer s'ils durcissent le ton. S'ils disent non au passeport et instaurent des droits de douane élevés, alors on peut ramener l'impôt sur les sociétés à 10%."

Ce faisant Londres renforcerait son attractivité auprès des entreprises et couperait l'herbe sous le pied de l'Irlande, le pays de l'UE où le taux de l'IS est le plus bas à ce jour.

Les dirigeants de l'UE ont d'ores et déjà averti le Royaume-Uni qu'une remise en cause de la libre circulation des personnes lui ferait perdre son accès préférentiel au marché unique.

Cette perspective inquiète notamment les banques internationales basées à Londres, qui redoutent de perdre leur fameux "passeport" et pourraient dans ce cas relocaliser leurs activités ailleurs.

Dans une colonne publiée par le journal Observer, le directeur général de la British Bankers' Association, l'association des banquiers britanniques, affirme que les banques en sont déjà à étudier les modalités pratiques de transfert.

"Beaucoup d'établissements plus petits prévoient de commencer le processus de relocalisation avant Noël ; les plus gros devraient commencer au premier trimestre de l'an prochain", écrit Anthony Browne.

Le constructeur automobile Nissan, dont le directeur général Carlos Ghosn s'est entretenu avec Theresa May ce mois-ci, a démenti dimanche une information du Telegraph selon laquelle il avait décidé de produire la nouvelle version de son SUV Qashqai à son usine britannique de Sunderland.

"Aucune décision n'a encore été prise. Le processus de décision sera conclu le mois prochain", a dit un porte-parole de Nissan, faisant écho à ce qu'avait dit vendredi Carlos Ghosn lui-même.

Fin septembre, le patron de Nissan avait menacé de renoncer à de nouveaux investissements à Sunderland, la plus importante usine automobile du Royaume-Uni, s'il n'obtenait pas du gouvernement la promesse de compensations en cas d'éventuels coûts douaniers liés à la sortie du pays de l'UE. (avec la contribution de Costas Pistas, Véronique Tison pour le service français)