Le remplacement de Luc Vigneron à la tête de Thales, contesté en interne au point de mécontenter ses deux actionnaires, ne faisait plus guère de doute depuis plusieurs semaines.

Ce changement de direction interviendra deux jours après l'annonce de la succession de Charles Edelstenne, qui cèdera en janvier son fauteuil de PDG de Dassault Aviation à Eric Trappier, le directeur général international du constructeur de l'avion de combat Rafale et des jets Falcon.

Le conseil d'administration de Thales qui se tiendra jeudi à 8h00 mettra ainsi un terme près de quatre ans de gestion tourmentée de Luc Vigneron à la tête de l'équipementier d'aéronautique et de défense, dont il a redressé la rentabilité à un rythme apprécié par les analystes.

"C'est au cours de ce conseil d'administration que sera décidé le futur président de Thales", a précisé Charles Edelstenne lors d'un point presse à l'occasion de la présentation du démonstrateur de drone de combat Neuron sur la base militaire d'Istres (Bouches-du-Rhône).

Il a ensuite précisé à des journalistes que l'Etat et Dassault Aviation, qui détiennent respectivement 27% et 26% du capital de Thales, s'étaient entendus sur le nom de Jean-Bernard Lévy, qui a quitté début juillet la présidence du directoire du groupe de télécoms et de divertissement Vivendi.

"Il faut qu'il ramène le calme dans la société et après qu'il commence à travailler et on discutera à ce moment-là, l'APE (l'Agence des participations de l'Etat) et moi l'actionnaire, tous les deux, pour remettre les choses au clair", a-t-il observé.

"Je n'ai pas beaucoup apprécié tout ce qu'il s'est passé depuis la veille de l'arrivée de Luc Vigneron et qui a continué pendant tout le temps", a-t-il ajouté.

Nommé début 2009 au moment de l'entrée de Dassault Aviation au capital de Thales, Luc Vigneron a subi plusieurs vagues d'attaques sur sa gestion du groupe. Il a également mécontenté les syndicats lors d'un remaniement de la direction en juillet en nommant Patrick Fournié, le directeur des opérations, au poste de directeur des ressources humaines.

Charles Edelstenne était à chaque fois monté au créneau pour soutenir Luc Vigneron mais s'était montré plus critique à son égard depuis cet été face à la grogne sociale dans l'entreprise, selon des sources proches du dossier.

Pascale Sourisse et Reynald Seznec, qui ont pris la tête des deux zones géographiques de Thales à la suite du remaniement de la direction en juillet, étaient pressentis pour succéder à Luc Vigneron.

Mais l'Etat qui soutenait la première et Dassault Aviation qui préférait le second ont fini par leur préférer le candidat externe : Jean-Bernard Lévy.

Cyril Altmeyer, édité par Jean-Michel Bélot

par Cyril Altmeyer