L'intéressé, s'adressant au personnel, a déclaré que la société allait changer de culture et qu'elle pourrait s'introduire en Bourse dans les 18 à 36 mois.

"Cette société doit changer", a-t-il dit, selon le fil Twitter de la direction des communications d'Uber. "Ce qui nous a menés à ce niveau n'est pas ce qui nous permettra d'atteindre le prochain".

Agé de 48 ans et Iranien d'origine, Khosrowshahi a été désigné dimanche par le conseil d'administration d'Uber mais sa nomination n'a été officialisée que mardi, le temps de négocier son contrat.

Il aura fort à faire alors que le géant de la réservation de voitures avec chauffeur connaît depuis un an une série de crises qui ont culminé en juin avec l'éviction du précédent directeur général Travis Kalanick.

Alors que le conseil d'administrateur et l'équipe de direction d'Uber saluaient son arrivée, Khosrowshahi a adressé un mail au personnel d'Expedia expliquant qu'il avait eu à prendre une des décisions "les plus difficiles" de sa vie.

En 12 ans, Khosrowshahi a fait d'Expedia le numéro un mondial des voyages en ligne par le nombre de réservations, une évolution qui s'est accompagnée par une multiplication par six de son cours de Bourse.

"Je dois vous avouer que j'ai peur. Je suis ici à Expedia depuis tellement longtemps que j'ai oublié ce qu'est la vie au-dehors", affirme-t-il dans son mail.

Le nouvel homme fort d'Uber sera dès mercredi à San Francisco pour une rencontre avec le personnel du siège, puis il a prévu de faire des déplacements à l'étranger dans les prochaines semaines pour échanger avec des salariés de la plate-forme et des chauffeurs.

Arrivé aux Etats-Unis avec ses parents en 1978 pendant les troubles qui ont précédé la révolution islamique en Iran, Khosrowshahi est un ingénieur de formation qui est décrit par ses proches comme un homme amical, persévérant et sachant conserver son sang-froid en période de stress.

Ces qualités lui seront certainement précieuses chez Uber.

La société de VTC est l'objet d'une plainte à haut risque de Waymo (groupe Alphabet) qui menace ses projets dans la voiture autonome, son conseil d'administration est divisé au sujet d'une autre plainte visant Trevor Kalanick, et son image a été ternie par de multiples accusations de harcèlement sexuel et de conduite inappropriée de ses dirigeants.

Comme si cela ne suffisait pas, Uber a dit mardi coopérer avec une enquête préliminaire ouverte par le département de la Justice au sujet de possibles faits de corruption à l'étranger.

Trevor Kalanick, qui reste administrateur d'Uber et a eu son mot à dire sur le choix de Khosrowshahi pour lui succéder, s'est félicité de l'arrivée de l'ex-patron d'Expedia.

"Voter en faveur du nouveau directeur général a été un grand moment pour moi et je suis heureux de transmettre le flambeau à quelqu'un d'aussi exemplaire", a dit le fondateur d'Uber.

(avec la contribution de Jeffrey Dastin, Véronique Tison pour le service français)

par Heather Somerville et Tom Hals