BERLIN, 8 juin (Reuters) - Le patron du groupe automobile allemand Daimler et celui du spécialiste américain des voitures de tourisme avec chauffeur (VTC) Uber se sont rencontrés en public mercredi pour un débat au cours duquel il ont surtout évoqué leur situation de concurrents potentiels.

Le président du directoire de Daimler, Dieter Zetsche, et le directeur général d'Uber, Travis Kalanick, ont été interrogés ensemble sur scène lors de la conférence Axel Springer NOAH de Berlin, qui réunit spécialistes du capital-risque et entreprises technologiques.

Chacun a exclu de racheter l'entreprise l'autre et démenti les informations publiées en mars par un magazine allemand selon lesquelles Uber envisageait d'acheter 100.000 Mercedes. Ils se sont aussi efforcés d'afficher leur proximité sur un certain nombre de sujets sans pour autant nier être des concurrents naturels dans certains domaines.

"Les voitures ne vont pas disparaître de sitôt et les entreprises comme Uber ne les fabriqueront pas", a dit Travis Kalanick.

De son côté, Dieter Zetsche a expliqué avoir déjà rencontré Kalanick à plusieurs reprises et il l'a décrit comme un "frenemy", néologisme anglais combinant "ami" et "ennemi", avant d'ajouter en souriant: "En Allemagne, nous appelons cela un mariage".

Plus sérieusement, il a expliqué: "Nous sommes concurrents, bien sûr. Nous pourrions être concurrents dans de nombreux domaines à l'avenir."

Le développement des VTC et de l'autopartage est considéré comme une menace à long terme pour l'industrie automobile puisqu'il pourrait dissuader un certain nombre de consommateurs d'acheter une voiture. Daimler a déjà investi dans plusieurs sociétés d'autopartage et dans des projets de véhicules connectés susceptible de le placer en concurrence directe avec Uber.

DES VALORISATIONS DÉSORMAIS COMPARABLES

Ce dernier est désormais valorisé 62,5 milliards de dollars(54,8 milliards d'euros), un montant proche de la capitalisation boursière de Daimler (63,77 milliards d'euros).

Interrogé sur l'éventualité d'une entrée de Daimler au capital d'Uber, Dieter Zetsche a répondu que son groupe ne s'engageait dans des investissements stratégiques qu'à la condition de les contrôler. Travis Kalanick, lui, a déclaré que l'hypothèse d'une prise de participation "dominante" de Daimler dans sa société ne l'intéressait pas.

Un peu plus offensif, Dieter Zetsche a demandé à Travis Kalanick de justifier la valorisation d'Uber, supérieure à celles de BMW, General Motors et Honda combinées, alors que sa société n'a que sept ans et n'a jamais dégagé de profits.

Travis Kalanick a répondu, comme il le fait régulièrement, qu'Uber est rentable dans au moins 200 villes dans lesquelles il est implanté mais qu'il investit massivement sur des marchés comme la Chine. "Sur les marchés développés, nous sommes rentables; sur les marchés en développement, nous sommes massivement non-rentables", a-t-il résumé.

Uber s'est implanté cette semaine à Accra, au Ghana, la 467e ville de son réseau mondial.

Interrogé sur la perspective d'une entrée en Bourse, Travis Kalanick a réaffirmé que "nous lancerons notre introduction en Bourse aussi tard que possible". Il avait auparavant exclu que cette mise en Bourse ait lieu cette année.

(Eric Auchard; Marc Angrand pour le service français)