GREENVILLE, Caroline du Sud, 14 février (Reuters) - Donald Trump et Jeb Bush, candidats à l'investiture républicaine pour l'élection présidentielle du 8 novembre, ont échangé des propos acrimonieux au sujet de la guerre en Irak, de la famille Bush et des affaires de Donald Trump lors d'un très vif débat qui a souligné l'importance de la primaire de la Caroline du Sud.

A l'occasion du neuvième débat télévisé, organisé samedi par CBS, entre des candidats républicains qui ne sont plus que six, les passes d'armes entre Donald Trump, favori des sondages au niveau national et pour le scrutin de Caroline du Sud du 20 février, et Jeb Bush, à la traîne dans les enquêtes d'opinion, ont dominé les deux heures d'échanges.

Donald Trump, l'homme d'affaires qui a largement remporté la primaire du New Hampshire mardi, s'en est également pris au sénateur du Texas Ted Cruz, qui semble être son concurrent le plus sérieux pour la victoire en Caroline du Sud.

Ted Cruz et le sénateur de Floride Marcio Rubio, à la lutte avec Jeb Bush pour apparaître comme le seul rempart face à la déferlante Trump, se sont de leur côté écharpés sur la question de l'immigration illégale.

Malgré la popularité de George W.Bush dans l'électorat républicain, Donald Trump s'en est pris à l'ancien président, frère de Jeb, disant que la décision d'envahir l'Irak en 2003 avait été une "terrible erreur".

"Nous faisons tous des erreurs. Mais celle-là était de toute beauté (...) Ils ont menti ! Ils ont dit qu'il y avait des armes de destruction massive. Et il n'y en avait pas", a-t-il dit.

Ces propos ont provoqué de nombreuses huées dans l'assistance, que Donald Trump a balayé du revers de la main en disant qu'elles émanaient de "lobbyistes et de groupes d'intérêts spéciaux" qui soutiennent Jeb Bush.

Ce dernier, qui fera campagne lundi avec son frère, a rejeté les propos de Donald Trump et a pris la défense de sa famille.

"J'en ai plus qu'assez qu'il s'en prenne à ma famille. A mes yeux, mon père est le plus grand des hommes parmi les vivants. Et pendant que Donald Trump mettait sur pied un programme de télé-réalité, mon frère bâtissait un système de sécurité pour nous protéger. Et je suis fier de ce qu'il a fait", a dit Jeb Bush.

"Il a même eu le culot de s'en prendre à ma mère", a poursuivi l'ancien gouverneur de Floride, rappelant à l'assistance que Donald Trump avait critiqué Barbara Bush, 90 ans, l'épouse de l'ancien président George H.W. Bush.

"Ma mère est la plus forte femme que je connaisse", a poursuivi Jeb Bush.

"Elle devrait participer à la course pour la présidence", a rétorqué Donald Trump.

Jeb Bush s'est attiré une autre remarque peu amène de Donald Trump, connu pour ses outrances verbales, en disant que le candidat républicain à la présidence devrait être quelqu'un "qui ne se vante par, par exemple, d'avoir été quatre fois en faillite".

"C'est un autre mensonge. Je n'ai jamais été en faillite", a répondu le milliardaire.

TRUMP CONTRE CRUZ

Donald Trump s'en est également pris à Ted Cruz après que ce dernier a affirmé que l'ex-star de la télé-réalité nommerait des libéraux à la Cour suprême des Etats-Unis, un sujet qui a été au premier plan dans les échanges à la suite du décès, intervenu peu avant le début du débat, d'Antonin Scalia, l'un des juges les plus conservateurs des neuf qui composent la Cour.

"Vous êtes le plus grand des menteurs", s'est exclamé Donald Trump.

Les deux hommes n'ont alors eu de cesse de s'interrompre, Ted Cruz lançant au passage à Donald Trump : "Quand on est adulte, on n'interrompt pas".

John Kasich, le gouverneur de l'Ohio dont la campagne a été relancée grâce à sa deuxième place dans le New Hampshire, a tenté d'apaiser les esprits, fidèle à son credo de ne pas s'en prendre aux autres.

"Ces attaques, dont certaines sont personnelles, nous condamnent à perdre l'élection face à (la favorite démocrate) Hillary Clinton", a-t-il dit.

Ted Cruz a lancé une charge contre Marco Rubio en disant qu'il avait changé d'avis en matière d'immigration illégale, affirmant qu'il avait été en faveur d'une "amnistie" en 2013 et qu'il y était aujourd'hui opposé pour des raisons politiques.

Le sénateur de Floride a répondu en disant que Ted Cruz "racontait des mensonges (...) Il ment sur toute une série de sujets et maintenant il invente des choses".

Avant que les débats ne commencent, les six candidats à l'investiture républicaine ont exhorté Barack Obama à ne pas nommer de successeur à Antonin Scalia, disant que cette responsabilité incombait au prochain président.

Le président américain a dit qu'il nommerait un nouveau juge à la Cour suprême en temps voulu. S'il parvient à ses fins -- il doit obtenir l'accord du Sénat, actuellement contrôle par les républicains -- il pourrait donner à la Cour une rare majorité libérale. (Benoît Van Overstraeten pour le service français)