(Actualisé avec de nouvelles déclarations)

BERLIN, 8 février (Reuters) - Volkswagen a fait savoir qu'il étudiait des mesures à l'encontre de son ex-président du directoire Ferdinand Piëch à la suite d'informations suivant lesquelles il avait accusé des membres du conseil de n'avoir pas réagi au scandale des tests d'émissions polluantes aux Etats-Unis.

"Le conseil de surveillance de Volkswagen AG réfute avec énergie les affirmations de Ferdinand Piëch telles qu'elles ont été récemment rapportées par des médias", déclare le conseil dans un communiqué.

"Le directoire étudiera attentivement la possibilité de mesures et de plaintes à l'encontre de M. Piëch", ajoute-t-il, ajoutant que, par principe, VW ne fera aucun commentaire sur les démarches en cours.

Le Bild am Sonntag écrit que Piëch avait soulevé la question en mars 2015 avec Martin Winterkorn, le président du directoire de l'époque, et des membres du comité directeur du conseil de surveillance, soit six mois avant que le scandale ne soit rendu public, à la suite d'une information donnée par une société de sécurité israélienne.

Winterkorn lui avait affirmé qu'il avait la situation bien en main, ont rapporté le Bild am Sonntag et Der Spiegel.

Berthold Huber, qui siégeait au comité directeur du conseil de surveillance jusqu'en novembre 2015, a dit qu'à l'époque il n'avait pas été informé du scandale par Piëch.

"Je peux jurer devant n'importe quel tribunal du monde entier que Piëch ne m'a pas parlé de cela, ni personnellement ni parmi d'autres personnes. Je me réserve le droit de saisir la justice contre Ferdinand Piëch", a dit Huber, qui fut président du puissant syndicat IG Metall.

Le constructeur de Wolfsburg avait reconnu, en septembre 2015, avoir installé des logiciels permettant de fausser les tests d'émissions polluantes aux Etats-Unis, ce qui avait eu pour effet de faire chuter son action, de provoquer la démission de Winterkorn et de lui coûter des milliards d'euros en amendes et frais de justice.

Au mois d'avril précédent, Piëch avait fait savoir, sans autre précision, qu'il "prenait ses distances" vis-à-vis de Winterkorn. Ce dernier avait reçu le soutien de plusieurs responsables du groupe au point que Piëch avait du démissionner.

Par ailleurs, le comité d'entreprise a accusé les dirigeants du premier constructeur automobile européen de ne pas respecter leurs engagements dans le cadre d'un accord de baisse des coûts, ce qui pourrait annoncer des tensions en interne.

Dans une lettre au directeur de la marque VW Herbert Diess, à laquelle Reuters à eu accès, les dirigeants syndicaux disent que lui-même et le directeur des ressources humaines Karlheinz Blessing n'ont pas respecté les termes du "pacte pour l'avenir" signé en novembre, en écartant toute embauche au premier semestre 2017 et en réduisant l'intérim plus rapidement et plus énergiquement que ce qui avait été convenu.

"Le directoire (...) sape les termes du pacte pour l'avenir", disent les syndicats dans la lettre envoyée mardi.

Direction et syndicats ont signé un accord prévoyant de supprimer 30.000 emplois dans le monde au sein de VW afin de réaliser 3,7 milliards d'euros d'économies par an d'ici à 2020 en échange de la promesse d'éviter les licenciements secs d'ici à 2025.

VW a déclaré mercredi que ce pacte serait appliqué mais qu'il y aurait probablement des tensions.

L'action Volkswagen a perdu 1,37% mercredi, à 139 euros, alors que l'indice de l'automobile en Europe était stable. (Georgina Prodhan et Andreas Cremer, Juliette Rouillon et Wilfrid Exbrayat pour le service français)