BERLIN, 24 septembre (Reuters) - Matthias Müller, le patron de Porsche, a un jour déclaré sur le ton de plaisanterie qu'il était trop âgé pour prendre la direction de Volkswagen mais c'est bien à cet homme de 62 ans que le premier constructeur automobile européen semble vouloir confier la tâche de le sortir de la plus grave crise de son histoire.

Matthias Müller, ancien chef de produits chez Volkswagen, jouit du soutien d'une majorité de membres du conseil de surveillance, lequel devrait le nommer vendredi président du directoire du groupe, a-t-on appris jeudi de source proche du dossier.

La réunion de vendredi devait initialement valider la prolongation du mandat de Martin Winterkorn jusqu'en 2018 mais les plans de Volkswagen ont été brusquement bouleversés lorsque le constructeur allemand a dû admettre avoir triché lors des tests sur les émissions polluantes de ses moteurs diesel aux Etats-Unis.

Le conseil de surveillance du groupe a dû soudainement se mettre à la recherche d'un remplaçant à Martin Winterkorn, contraint à la démission, et le profil de Matthias Müller présente plusieurs atouts.

Apprenti outilleur chez Audi à Ingolstadt puis diplômé en informatique, Matthias Müller a ensuite travaillé dans de nombreuses divisions de l'empire VW depuis les années 1970, une expérience perçue comme l'un des facteurs décisifs à sa désignation à la tête du groupe.

Tout aussi important, il bénéficie du soutien du clan familial Porsche-Piëch, qui détient la majorité des droits de vote du groupe.

Nommé en mars au sein du directoire de Volkswagen, Matthias Müller semble bien en vue auprès du patriarche Ferdinand Piëch, auquel on prête alors l'intention de vouloir l'installer à la place de Martin Winterkorn.

Ferdinand Piëch a toutefois perdu fin avril le bras de fer engagé avec Martin Winterkorn au sujet de la stratégie du groupe et ce dernier paraît alors renforcé. Jusqu'à ce que le scandale des émissions polluantes éclate aux Etats-Unis.

Dans la recherche hâtive d'un successeur, Matthias Müller figure parmi les favoris avec Rupert Stadler, qui dirige la marque Audi, et Herbert Diess, patron de la marque Volkswagen.

"C'est un bon choix même s'il se peut qu'il soit considéré comme un patron de transition, jusqu'à ce qu'un candidat interne, comme (Herbert) Diess, ait gagné suffisamment de galons", pense Arndt Ellinghorst, analyste d'Evercore ISI.

Matthias Müller est connu pour son style détendu et son allure décontractée, se rendant souvent aux salons automobiles vêtu d'un pull-over, laissant les costumes taillés sur mesure aux autres dirigeants.

Mais cela ne signifie pas qu'il est dénué d'ambition.

Matthias Müller s'est fait un nom au sein du groupe en tant que directeur du produit de l'Audi A3 dans les années 1990, un modèle qui connut un grand succès. Il occupa ensuite le poste de directeur de la stratégie produits chez Volkswagen jusqu'un 2010, lors qu'il lui fut demandé de prendre les rênes de Porsche.

Sous sa houlette, la marque s'est fortement et les ventes de Porsche devraient atteindre, avec trois ans d'avance sur le calendrier des objectifs, la barre des 200.000 unités. (Bertrand Boucey pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)

Valeurs citées dans l'article : Porsche Automobil Holding SE, Volkswagen AG