BERLIN, 25 septembre (Reuters) - Matthias Müller, nommé vendredi président du directoire de Volkswagen, a un jour déclaré sur le ton de plaisanterie qu'il était trop âgé pour prendre la direction du premier constructeur automobile européen mais c'est bien à cet homme de 62 ans que le groupe allemand a confié vendredi la tâche de le sortir de la plus grave crise de son histoire.

Le conseil de surveillance de Volkswagen devait initialement se réunir ce vendredi pour valider la prolongation du mandat de Martin Winterkorn jusqu'en 2018 mais les plans du constructeur allemand ont été brusquement bouleversés lorsqu'il a dû admettre avoir triché lors des tests sur les émissions polluantes de ses moteurs diesel aux Etats-Unis.

Le conseil de surveillance du groupe a dû soudainement se mettre à la recherche d'un remplaçant à Martin Winterkorn, contraint à la démission, et le profil de Matthias Müller, président du directoire de Porsche, présentait plusieurs atouts.

Apprenti outilleur chez Audi à Ingolstadt puis diplômé en informatique, Matthias Müller a ensuite travaillé dans de nombreuses divisions de l'empire VW depuis les années 1970, exerçant notammant la fonction de chef de produits au sein de la marque Volkswagen elle-même, une expérience perçue comme l'un des facteurs décisifs de sa désignation à la tête du groupe.

Tout aussi important, il bénéficie du soutien du clan familial Porsche-Piëch, qui détient la majorité des droits de vote du groupe.

Nommé en mars au sein du directoire de Volkswagen, Matthias Müller apparaît à l'époque comme un protégé du patriarche Ferdinand Piëch, auquel on prête alors l'intention de vouloir l'installer à la place de Martin Winterkorn.

ALLURE DÉCONTRACTÉE

Mais fin avril, Ferdinand Piëch perd le bras de fer engagé avec Martin Winterkorn au sujet de la stratégie du groupe et ce dernier paraît alors renforcé. Jusqu'à ce que le scandale des émissions polluantes éclate aux Etats-Unis.

Dans la recherche hâtive d'un successeur, Matthias Müller figure rapidement parmi les favoris avec Rupert Stadler, qui dirige la marque Audi, et Herbert Diess, patron de la marque Volkswagen.

"C'est un bon choix même s'il se peut qu'il soit considéré comme un patron de transition, jusqu'à ce qu'un candidat interne, comme (Herbert) Diess, ait gagné suffisamment de galons", pense Arndt Ellinghorst, analyste d'Evercore ISI.

Matthias Müller est connu pour son style détendu et son allure décontractée, se rendant souvent aux salons automobiles vêtu d'un simple pull-over, laissant les costumes taillés sur mesure aux autres dirigeants.

Mais cette apparente décontraction ne traduit pas un manque d'ambition.

Matthias Müller s'est fait un nom au sein du groupe en tant que directeur du produit de l'Audi A3 dans les années 1990, un modèle qui connut un grand succès. Il a ensuite occupé le poste de directeur de la stratégie produits chez Volkswagen jusqu'en 2010, lorsqu'il lui a été demandé de prendre les rênes de Porsche.

Sous sa houlette, la marque s'est fortement développée et les ventes de Porsche devraient atteindre, avec trois ans d'avance sur le calendrier des objectifs, la barre des 200.000 unités.

Peu après sa nomination, Matthias Müller a dit que sa première priorité serait de regagner la confiance perdue par Volkswagen en raison du scandale des émissions polluantes. (Bertrand Boucey pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)

Valeurs citées dans l'article : Porsche Automobil Holding SE, Volkswagen AG