par Andreas Cremer et Jan Schwartz

BERLIN/HAMBOURG, 19 avril (Reuters) - L'autorité du président du conseil de surveillance Ferdinand Piëch de Volkswagen a été sérieusement fragilisée par le conflit ouvert avec des membres éminents du conseil la semaine dernière, qui a bien failli le pousser dehors, apprend-on de sources proches du dossier.

Le patriarche de la famille fondatrice du constructeur allemand a déclaré la semaine dernière à la presse qu'il se distanciait du président du directoire Martin Winterkorn.

Des sources ont indiqué à Reuters que Ferdinand Piëch était très mécontent de la performance de VW ces cinq derniers mois sous la houlette de son ancien protégé, surtout aux Etats-Unis où les ventes ont été loin d'atteindre les objectifs.

A la suite d'une réunion d'urgence jeudi dernier, Volkswagen a annoncé que Martin Winterkorn conserverait son poste de président du directoire, infligeant ainsi un rare désaveu à son puissant président du conseil de surveillance.

Mais des sources ayant eu connaissance du déroulement de cette réunion rapportent dimanche que le vote de confiance à Martin Winterkorn n'a émergé qu'après un violent affrontement entre Ferdinand Piëch et les cinq autres membres du comité directeur du conseil de surveillance.

Le bureau de Piëch et VW ont refusé de commenter.

Une source rapporte que le président a même proposé de démissionner. Une autre dit que les cinq autres membres du comité étaient prêts à lui demander de le faire s'il n'avait pas fini par céder vendredi matin, au lendemain de la réunion, et signé le communiqué donnant un "soutien total" à Winterkorn.

"Piëch était complètement isolé", souligne un membre du conseil de surveillance de VW. "La question de savoir qui présidera le conseil (quand Piëch partira en retraite) ne sera pas décidée avant 2017, à moins que Monsieur Piëch tire les conséquences de cette crise qu'il a déclenchée lui-même."

Le contrat de président du conseil de surveillance de Ferdinand Piëch arrivera à échéance en avril 2017.

Reuters a rapporté vendredi que les cinq autres membres du comité s'étaient opposés au président mais les dernières révélations laissent penser que le sentiment de rancoeur après cette tentative d'éviction de Martin Winterkorn est beaucoup plus profond qu'on ne le pensait jusque-là. (Juliette Rouillon pour le service français, édité par Eric Faye)

Valeurs citées dans l'article : Porsche Automobil Holding SE, Volkswagen AG