BRUXELLES, 13 octobre (Reuters) - Les propositions de la Commission européenne pour relancer le marché des valeurs mobilières adossées à des actifs (ABS) risquent en fait de le faire rétrécir sur le court terme, a estimé mardi Frédéric Oudéa, président de la Fédération bancaire française.

"Je ne pense pas qu'il faille attendre de ces propositions une relance forte de la titrisation", a déclaré le directeur général de la Société générale.

"J'attends plutôt une réduction des volumes de titrisation dans les deux à trois prochaines années", a-t-il dit lors d'une conférence de presse après un entretien à Bruxelles avec le commissaire européen en charge des services financiers, Jonathan Hill.

Pour favoriser l'investissement à long terme dans l'Union européenne, la CE a proposé une relance de la titrisation, autrement dit le regroupement de prêts sous forme de titres portant intérêt, mais après une réaction initialement positive du secteur bancaire, le scepticisme semble prendre le dessus.

En annonçant l'initiative fin septembre, Jonathan Hill avait insisté sur le fait que ce marché peu réglementé ne serait ouvert qu'à de la dette "simple, transparente et standardisée" (STS).

Pour Frédéric Oudéa, les nouveaux critères sont au contraire complexes et préjudiciables pour le marché, du moins à court terme, ce qui risque de pénaliser les banques européennes et de favoriser leurs concurrentes américaines.

Le marché des ABS a été durablement terni par son rôle dans le déclenchement de la crise financière de 2007-2008, avec l'effondrement des obligations adossées à des prêts immobiliers "subprime" aux Etats-Unis. En Europe, il n'a recouvré que la moitié de sa taille d'avant la crise.

Pour Frédéric Oudéa, la volonté européenne de lutter contre le modèle de "too big to fail" (trop gros pour faire faillite), qui a obligé le contribuable à renflouer une cascade de banques pendant la crise, a atteint le point où "plus vous êtes gros, plus vous avez des problèmes". (Francesco Guarascio et Huw Jones, Véronique Tison pour le service français)