(Actualisé avec présentation du projet, réactions)

par Amanda Becker et Ginger Gibson

WASHINGTON, 26 avril (Reuters) - Donald Trump a proposé mercredi d'abaisser l'impôt sur les sociétés aux Etats-Unis à 15% et d'offrir un important rabais aux multinationales qui rapatrient des bénéfices réalisés à l'étranger dans le cadre de son projet de réforme fiscale qui va faire l'objet de difficiles tractations au Congrès.

D'après le résumé d'une seule page distribué par la Maison blanche, Donald Trump souhaite aussi réduire de sept à trois le nombre de tranches d'imposition, doubler le montant des déductions que les Américains peuvent réclamer sur leurs avis d'imposition et supprimer les droits de succession sur les biens immobiliers.

Après son échec, à ce stade, sur une abrogation de l'Obamacare, le président américain, qui fêtera samedi son 100e jour à la Maison blanche, va désormais devoir parvenir à un compromis avec le Congrès pour mener à bien cet autre engagement phare de sa campagne.

Le fait que son projet de réforme ne comporte aucune recette fiscale supplémentaire pour compenser les baisses d'impôts risque notamment de susciter de fortes réticences parmi les républicains hostiles à un alourdissement du déficit public.

Le projet a été présenté à la Maison blanche par le secrétaire au Trésor, Steve Mnuchin, et le principal conseiller économique de Donald Trump, Gary Cohn.

Prudent, Steve Mnuchin l'a présenté comme des "principes fondamentaux" qui devront être discutés avec le Congrès. Mais, a-t-il insisté, "tout le monde tient à cette réforme" qui, selon lui, s'autofinancera en générant davantage de croissance et en limitant les déductions et les échappatoires fiscales.

"Notre objectif est de rendre les entreprises américaines les plus compétitives au monde", a déclaré Steve Mnuchin.

Avec les promesses de dérégulation dans nombre de secteurs et de grands travaux d'infrastructures, celle d'un allègement de la fiscalité a largement contribué à la forte hausse de Wall Street observée depuis la victoire de Donald Trump à l'élection du 8 novembre.

RYAN OPTIMISTE SUR UN ACCORD

L'essentiel du projet de réforme fiscale avait été dévoilé avant qu'il ne soit officiellement présenté.

Steve Mnuchin avait lui-même évoqué la "plus grande baisse d'impôts" de l'histoire des Etats-Unis, tandis que Gary Cohn s'était contenté de parler de la réforme "la plus ambitieuse" depuis celle de Ronald Reagan en 1986.

Le président de la Chambre des représentants, le républicain Paul Ryan, partisan de longue date d'une réforme fiscale, s'est dit optimiste sur ses chances d'aboutir malgré l'abandon du projet de "taxe aux frontières" dont l'idée, contestée par nombre d'entreprises américaines, avait été un temps évoquée pour compenser la baisse des impôts.

"Nous aimons beaucoup (ce projet). Nous sommes d'accord sur 80% et nous sommes très proches sur les 20% restants", a dit Paul Ryan.

Les démocrates n'ont évidemment pas réservé le même accueil au projet de réforme, leur chef de file au Sénat, Chuck Schumer, dénonçant un cadeau aux plus riches qui, a-t-il dit, "profitera essentiellement aux gens et aux entreprises comme celles de Trump".

L'une des mesures phares du projet est la baisse du taux d'imposition maximal des plus grandes entreprises de 35% à 15% et de celui des petites et moyennes entreprises ainsi que des sociétés individuelles de 39,6% à 15%.

Steve Mnuchin a ajouté que Donald Trump était favorable à ce que les multinationales puissent rapatrier leurs bénéfices réalisés à l'étranger à un taux nettement inférieur aux 35% actuels. Il n'a pas donné de chiffre précis, indiquant que des discussions étaient en cours à ce sujet entre la Maison blanche et le Congrès.

Le montant des bénéfices des multinationales américaines conservés à l'étranger pour éviter l'imposition est estimé à 2.600 milliards de dollars (2.385 milliards d'euros).

Si la mesure est adoptée, leur rapatriement entraînerait un bond ponctuel des recettes fiscales qui pourrait servir à financer des dépenses d'infrastructures.

Un responsable de la Maison blanche a indiqué dans la journée que Donald Trump aimerait voir le Congrès adopter sa réforme fiscale vers le milieu de l'automne.

Alors que samedi marquera le centième jour de sa présidence, Donald Trump éprouve des difficultés à mettre en oeuvre ses projets pour le pays, le président américain n'ayant pas encore réussi à faire voter par le Congrès une seule mesure qui lui tient à coeur. (Avec la contribution de Steve Holland, David Lawder et Doina Chiacu, Jean-Stéphane Brosse, Benoît Van Overstraeten, Nicolas Delame, Bertrand Boucey et Tangi Salaün pour le service français)