(Actualisé avec déclarations de George Soros, contexte)

par Elisabeth O'Leary

EDIMBOURG, 21 juin (Reuters) - Confirmant le retournement amorcé ce week-end, deux sondages publiés lundi soir donnent le camp du maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne en tête des intentions de vote. Mais une troisième enquête diffusée simultanément place en revanche le Brexit en tête.

Les Britanniques se rendront jeudi aux urnes pour décider s'ils quittent ou s'ils restent dans un bloc qu'ils ont rejoint en 1973 dans le cadre d'un référendum devenu le centre de l'attention des responsables politiques et économiques à travers l'Europe et le monde.

Dans la journée, le Parlement britannique, reconvoqué spécialement pour la première fois depuis la mort de Margaret Thatcher en 2013, a rendu hommage lundi à la députée travailliste pro-européenne Jo Cox, tuée jeudi dernier en pleine campagne pour ou contre la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.

Cet assassinat a entraîné pendant trois jours la suspension de la campagne, qui n'a repris que dimanche matin.

Les sondages publiés la semaine dernière donnaient le "Brexit" en tête des intentions de vote mais la tendance s'est inversée dans les enquêtes d'opinion parues ce week-end, dont certaines ont été réalisées après la mort de Jo Cox, provoquant un net rebond de la livre sterling sur les places financières.

La livre a ainsi gagné jusqu'à 2,4% face au dollar, soit sa plus forte hausse sur un jour depuis décembre 2008.

De son côté, le milliardaire George Soros a dit que si le "Brexit" l'emportait, la livre chuterait encore plus lourdement que lors du Mercredi Noir, cette journée du 16 septembre 1992 où la monnaie britannique dut sortir de force du mécanisme de change européen.

Une enquête de l'institut ORB pour le Daily Telegraph crédite le camp du "In" de 53% des intentions de vote contre 46% en faveur du Brexit. Le précédent sondage ORB/Daily Telegraph, il y a une semaine, donnait un point d'avance aux partisans du "Leave" (sortie de l'UE), à 49% contre 48%.

"Tous les signes du dernier sondage d'ORB laisse entrevoir un référendum qui sera véritablement serré jusqu'au bout", a déclaré Lynton Crosby, expert en stratégie politique qui a conseillé le parti conservateur, au pouvoir, lors des dernières élections législatives de 2015.

LE DAILY TELEGRAPH APPELLE À VOTER "LEAVE"

Le Daily Telegraph, qui tire chaque jour à près de 500.000 exemplaires, s'est par ailleurs prononcé en faveur d'une sortie de l'Union européenne, appelant les électeurs à cocher la case "Leave" lors du référendum de jeudi.

Il grossit ainsi les rangs des autres journaux partisans d'un Brexit, dont The Sun, The Sunday Times et The Sunday Telegraph.

Un sondage de l'institut NatCen pour le Financial Times donne le "Remain" à 53% des intentions de vote contre 47% au Brexit.

L'institut YouGov pour le Times donne pour sa part le camp du "Out" à 44% contre 42% pour le "In".

Ceux qui font campagne en faveur du maintien dans l'Union européenne, dont le Premier ministre David Cameron, ont mis l'accent sur ce qu'ils qualifient d'avantages économiques liés à l'appartenance à l'UE et sur les risques associés à une sortie du bloc.

Les partisans du "Leave" insistent pour leur part sur les pressions exercées sur les services publics et sur le marché du travail par un niveau d'immigration élevé qui ne peut être endigué en raison des règles de liberté de circulation de l'UE.

Sayeeda Warsi, coprésidente du Parti conservateur britannique, a annoncé lundi sa rupture avec les partisans d'une sortie de l'Union européenne, qu'elle accuse de mener une campagne mensongère et xénophobe, et son ralliement au camp du "Bremain", à trois jours du référendum sur le sujet. (Avec la contribution d'Estelle Shirbon, Henri-Pierre André et Benoît Van Overstraeten pour le service français)