Le groupe de loisirs convoité par le milliardaire chinois Guo Guangchang et le financier italien Andrea Bonomi a assuré que ses résultats démontraient "la pertinence de son positionnement stratégique sur le haut de gamme" (villages 4 et 5 tridents) et de sa diversification dans les régions à forte croissance (Chine et Brésil) visant à contrer les difficultés du marché européen.

La montée en gamme, soutenue par Fosun, holding de Guo Guangchang, est en partie contestée par Andrea Bonomi qui dit vouloir également développer l'offre moyen de gamme (3 tridents) et poursuivre une stratégie plus équilibrée entre l'Europe, l'Amérique et l'Asie.

Si les réservations cumulées sur l'hiver affichent une hausse de 2,7%, les tendances se sont fortement dégradées au cours des deux derniers mois avec des réservations en forte baisse (-12,4%).

La chute atteint 18,8% dans la région Europe-Afrique plombée par la crise économique, les troubles au Moyen-Orient et les craintes liées au virus Ebola. Le village de Cap Skirring, au Sénégal, accuse ainsi un décrochage de ses ventes de 50%.

En Asie, les réservations reculent de 5,9%, une baisse que le Club explique par un nouvel an chinois tardif en 2015.

Le groupe est cependant parvenu à stabiliser le chiffre d'affaires de ses villages (+0,2% à taux de changes constants à 1,376 milliard d'euros) au cours de l'exercice grâce à la bonne tenue du continent américain, tandis que la hausse des ventes a été modeste en Asie.

VALORISATION QUI LAISSE PERPLEXE

Le résultat opérationnel des villages, plombé par une perte de 4,0 millions dans la zone Europe-Afrique, recule de 4,8% à 53 millions d'euros.

Le résultat net accuse une perte de 9,0 millions d'euros pour la deuxième année consécutive, grevé par des coûts exceptionnels de 13 millions liés à la fermetures de villages en Egypte, en Tunisie et en Turquie.

Le groupe dit toutefois anticiper un résultat net positif en 2014-2015, sauf nouvelle dégradation de l'environnement, grâce à une baisse de ses coûts exceptionnels qui ont totalisé 75 millions d'euros (dont 6,0 millions liés à L'OPA) sur les trois derniers exercices.

Le Club fait l'objet d'une intense bataille depuis juin 2014. La dernière offre, à 23 euros, émane d'Andrea Bonomi.

Alors que le marché parie sur une nouvelle surenchère de Fosun, allié au brésilien Tanure, l'Autorité des marchés financiers a donné jusqu'au 1er décembre au chinois pour une éventuelle contre-attaque.

Le titre Club Med, qui se traite à 23,75 euros vendredi, grimpe de 37% depuis le début de l'année et de plus de 70% depuis la première offre de Fosun, datant de mai 2013.

Les niveaux de valorisation atteints laissent nombre d'observateurs perplexes, le prix offert semblant très élevé au regard des difficultés du groupe.

Au cours actuel, la valorisation du Club, qui n'a pas versé de dividende depuis 2001, atteint 22,5 fois ses résultats estimés pour 2014-2015, alors que la moyenne du secteur en Europe se situe autour de 17 à 18 fois.

Plus pertinent, compte tenu de l'importance des éléments exceptionnels dans les résultats, le ratio valeur d'entreprise sur excédent brut d'exploitation ressort quant à lui à 15,2 fois, contre une moyenne de 13 fois pour le secteur.

"C’est très cher payé par rapport au contexte du secteur et à celui de l’entreprise", commente Fehmi Ben Naamane, analyste d'Oddo Securities, pour qui, dans l’état actuel des choses, "il n’y a pas de rationalité économique à payer un tel prix, à moins de se situer dans une perspective de très long terme et de réussir le plan de développement de l’entreprise".

(Edité par Dominique Rodriguez)

par Pascale Denis

Valeurs citées dans l'article : CLUB MEDITERRANEE, Fosun International Limited