Gaillon II, le véhicule d'investissement de Fosun (propriété de Guo Guangchang), propose désormais de racheter le Club à 24,60 euros par action, au lieu des 24,00 euros offerts par Andrea Bonomi, valorisant la société à 939 millions d'euros.

Guo Guangchang et Andrea Bonomi se livrent depuis le printemps une bataille acharnée qui plonge le groupe de loisirs dans une ambiance délétère.

Comme dans sa précédente surenchère, Fosun reste majoritaire dans Gaillon II avec comme associés le tour-opérateur chinois U-Tour, la compagnie d'assurance portugaise Fidelidade, filiale de Fosun, le fonds Ardian et le management du groupe.

L'industriel Nelson Tanure, avec lequel le Club Med doit construire son quatrième village au Brésil, a confirmé qu'il pourrait prendre une participation allant jusqu'à 20% du capital de Gaillon II après la clôture de l'offre.

Par ailleurs, des discussions sont en cours avec d'autres partenaires potentiels, "si besoin", a déclaré le PDG du Club Med, Henri Giscard d'Estaing, lors d'une conférence de presse.

Alors qu'il avait dit vouloir laisser le titre coté en Bourse pour préserver son ancrage français, il a indiqué qu'un retrait de la cote pourrait être envisagé.

"Si les actionnaires, les investisseurs institutionnels décidaient de ne pas rester, il faudrait, faute de liquidité, se retirer de la cote", a-t-il souligné.

Henri Giscard d'Estaing a toutefois fait valoir, faisant écho aux récentes déclarations de Nelson Tanure, qu'après un éventuel retour en Bourse à Paris une cotation serait envisageable au Brésil, outre les possibles mises en Bourse déjà envisagées à Hong Kong ou Shanghai.

PAS D'ALTERNATIVE À LA MONTÉE EN GAMME-PDG

Le PDG a une nouvelle fois défendu la stratégie de montée en gamme lancée en 2004 - et contestée par Andrea Bonomi - comme la seule option pertinente au regard de l'environnement économique.

"La voie médiane, entre le volume et une différenciation par le haut conduit à l'impasse, comme dans les années 1996-1997".

En réponse aux attaques d'Andrea Bonomi, qui souligne que le groupe se focalise trop sur la Chine, Henri Giscard d'Estaing a assuré que la stratégie du Club avait toujours été équilibrée, entre France, marchés à forte croissance et pays matures.

La clientèle chinoise est déjà la deuxième du Club, derrière la française.

Andrea Bonomi, associé au fonds KKR, pense pour sa part pouvoir redresser la croissance et la rentabilité du groupe qui n'a pas versé de dividende depuis 2000 grâce à une meilleure exécution, un développement géographique plus équilibré et une offre repensée, notamment dans le moyen de gamme (trois tridents).

L'Autorité des marchés financiers (AMF), qui avait donné à Fosun jusqu'à vendredi pour surenchérir, a fixé au 7 janvier, 18h00, la date-butoir pour une éventuelle contre-offre.

Au delà de cette date, l'AMF a encore raccourci son calendrier, donnant aux deux parties sept jours de Bourse pour d'éventuelles contre-offres. Mais, trêve des confiseurs oblige, ce calendrier accéléré ne sera effectif qu'à compter du 7 janvier même si Andrea Bonomi devait décider dans l'intervalle de déposer une surenchère.

Suspendue vendredi matin, l'action Club Med a repris sa cotation à midi. Vers 15h15, le titre gagne 0,40% à 25 euros et s'adjuge près de 44% depuis le début de l'année.

Aux cours actuels, le ratio valeur d'entreprise sur excédent brut d'exploitation du Club ressort à 15,2 fois les résultats estimés 2014-2015 contre une moyenne de 13 fois pour le secteur.

Depuis la toute première OPA lancée en mai 2013 par Fosun à seulement 17 euros par titre, le Club a fait l'objet de huit offres d'achats, faisant de cette bataille la plus longue de l'histoire boursière française.

Le Credit suisse a par ailleurs annoncé avoir franchi à la baisse le seuil de 5% du capital du Club.

(Avec Matthieu Protard, édité par Matthias Blamont)

par Pascale Denis