Le plus dur semble passé. Le transport de marchandises, après deux années compliquées, redresse la tête. Au premier trimestre 2010, le groupe français CMA CGM a dégagé un résultat brut d'exploitation (avant amortissements) de 380 millions de dollars. Ce résultat s'explique « par la forte reprise des volumes et la hausse des taux de fret qui en découle. La progression est de 22% sur le trimestre », commente l'armateur.

Le moment semble donc bien choisi pour frapper un grand coup. Au côté de Christine Lagarde, qui sera la marraine du navire, Jacques Saadé, patron de CMA CGM, inaugurera le 12 juillet au Havre le porte-conteneurs Christophe-Colomb. Construit en Corée du Sud, long de 365 mètres et large de 51 mètres, capable de transporter 13 800 boîtes, il deviendra ni plus ni moins la plus grosse unité de la marine marchande française.

Des commandes à foison
Et ce n'est pas fini, le nouveau navire amiral de la flotte de CMA CGM n'est que le premier livré d'une série de huit porte-conteneurs géants commandés avant la crise. Si ces commandes ont alourdi la dette du groupe (5,6 milliards de dollars à la mi-2009), elles devraient toutefois lui permettre de profiter de la reprise des échanges mondiaux.

Le groupe de Jacques Saadé n'en finit pas d'engranger de nouveaux contrats. A partir de novembre, est ainsi prévue l'ouverture d'une ligne directe entre Casablanca et Marseille, en passant par Agadir et Port-Vendres. Cette ligne permettra l'acheminement hebdomadaire par conteneurs réfrigérés des fruits et légumes, qui jusque là traversaient l'Espagne par camion. Elle devrait drainer un trafic de 40 000 tonnes pour cette première campagne, prévue pour se terminer en juin 2011.

Le 9 juin dernier, CMA CGM a par ailleurs procédé à l'embarquement de deux rames du futur tramway marocain de Rabat. Au total, la compagnie marseillaise va expédier 44 rames (88 tonnes) sur des remorques spécialement conçues pour le transport de matériels ferroviaires.

La compagnie de Jacques Saadé, spécialiste des convois exceptionnels, voit le bout du tunnel au meilleur moment. En accroissant aussi sensiblement ses capacités avec l'arrivée de huit nouveaux navires, les laisser au port n'aurait en effet pas été du meilleur effet…