(Répétition sans changement d'une dépêche diffusée dimanche)

* Les marchés veulent garder des taux bas

* La donne est compliquée pour la Fed

* Apple en vedette, en attendant Alibaba

NEW YORK, 8 septembre (Reuters) - La Bourse de New York pourrait paradoxalement se réjouir cette semaine de mauvaises nouvelles sur la santé de l'économie américaine dans la perspective de la réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale qui se tiendra la semaine suivante.

De nombreux signes attestent de la reprise de la première économie du monde après une contraction au premier trimestre, due principalement à un hiver particulièrement rigoureux.

Si les marchés s'en félicitent, ils ne sont pas fâchés non plus lorsque survient un indicateur inquiétant parce qu'ils estiment qu'il pourrait encourager la Fed à prendre son temps avant de relever ses taux d'intérêt, actuellement à des niveaux historiquement bas.

Le paradoxe a été illustré vendredi, quand des investisseurs rassurés par l'annonce d'une dégradation du marché de l'emploi ont permis à Wall Street de boucler une cinquième semaine consécutive de hausse.

Les marchés sont tiraillés entre le souhait de bénéficier d'un environnement économique favorable et l'inquiétude de perdre des conditions de crédit avantageuses.

La présidente de la Fed, Janet Yellen, ne cesse de répéter qu'il faut une reprise plus solide avant de relever les taux et analyser soigneusement la conjoncture, en particulier le marché du travail, les salaires et l'inflation.

Il ne fait aucun doute que la banque centrale américaine, qui s'est engagée dans une réduction de son programme de rachat d'actifs, relèvera ses taux.

Mais les marchés veulent savoir quand et mettent la pression sur la Fed afin qu'elle communique plus clairement sur ses intentions, à défaut de leur livrer des éléments de calendrier.

Les propos de Janet Yellen à l'issue de la prochaine réunion du comité de politique monétaire (FOMC), les 16 et 17 septembre, seront donc décortiqués avec minutie.

LES VALEURS TECHNOLOGIQUES EN PREMIÈRE LIGNE

La donne est compliquée pour la Fed, qui doit composer également avec le contexte mondial et notamment la stagnation dans la zone euro. Janet Yellen redoute par-dessus tout une dégradation de la conjoncture qui obligerait l'institut d'émission à baisser à nouveau ses taux peu de temps après les avoir relevés, une mésaventure survenue à la Banque centrale européenne en 2008.

Si un consensus se dessine pour estimer que les taux aux Etats-Unis ne devraient pas bouger avant mi-2015, des dissensions se font jour au sein même de la Fed.

"Nous devons préparer les marchés à la possibilité d'un relèvement des taux plus tôt que prévu", a ainsi déclaré samedi le président de la Fed de Philadelphie, Charles Plosser.

"Je ne suis pas en train de dire qu'il faut relever les taux tout de suite mais notre priorité doit être de modifier notre langage afin de permettre que le relèvement puisse intervenir plus tôt que ce que de nombreuses personnes pensent actuellement et plus rapidement que ne le suggère notre ligne actuelle", a-t-il ajouté.

Dans ce contexte, les indicateurs de la semaine, avec notamment les stocks et ventes des grossistes, mercredi, et les inscriptions hebdomadaires au chômage, le lendemain, seront examinés à la loupe.

La situation géopolitique devrait également influer sur les marchés américains avec en particulier l'Ukraine, où le cessez-le-feu paraît bien fragile.

Les valeurs technologiques seront en première ligne avec la présentation, mardi, par Apple, de nouveaux produits dont, très certainement, l'iPhone 6.

Alibaba n'est pas encore à Wall Street mais aborde la dernière ligne droite avec une tournée promotionnelle de deux semaines auprès des investisseurs ("roadshow") qui débute lundi.

La cotation très attendue du géant chinois du commerce en ligne pourrait lui permettre de lever environ 21,1 milliards de dollars, ce qui en ferait la plus importante introduction en Bourse (IPO) jamais réalisée aux Etats-Unis dans le secteur technologique.

L'appétit des fonds d'investissement pour Alibaba est tel qu'il sont prêts à faire de la place dans leurs portefeuilles en se débarrassant pour l'occasion d'actions peu en vogue à Wall Street, notamment celles du grand rival d'Alibaba, Amazon , expliquent des gérants.

(Patrick Vignal pour le service français)

Valeurs citées dans l'article : Apple Inc., Amazon.com, Inc.