Il y a huit jours, la présidente de la Fed de Cleveland, Loretta Mester, avait estimé que l'institut d'émission devait cesser d'utiliser cette expression et dire clairement qu'un tour de vis monétaire pointait à l'horizon.

Après l'annonce de créations d'emploi plus nombreuses qu'attendu en novembre, qui s'ajoutent à d'autres indicateurs suggérant une croissance solide l'an prochain, certains économistes s'attendent à ce que la Fed précise ses intentions à l'issue de la réunion des 16 et 17 décembre.

Selon une enquête Reuters publiée mercredi, la Fed devrait relever ses taux, à un plus bas historique proche de zéro depuis décembre 1998, au cours du deuxième trimestre.

Certains pensent que la Fed va remplacer l'expression "période considérable" relative à des taux bas par une suggestion, comme elle l'avait fait avant le cycle de hausses des taux entre 2004 et 2005, à se montrer "patient".

Ceci étant dit, le plongeon des cours du pétrole, qui a tiré vers le bas les anticipations d'inflation et entraîné une première baisse hebdomadaire du S&P-500 après sept semaines de hausse, vient quelque peu compliquer la donne.

La perspective d'une inflation trop basse à son goût pourrait conduire la Fed, qui a comme objectif une hausse de 2% des prix à la consommation, à observer le statu quo.

VOLATILITÉ

Dans des notes adressées ces derniers jours à leurs clients, Goldman Sachs, Citi et Bank of America/Merrill Lynch sont d'avis que la balance penche en faveur de la suppression de l'expression "période considérable".

"La Fed va l'omettre. Je ne pense pas que (la présidente de la Fed) Janet Yellen pourra conserver la phrase au vu de ce qu'on observe dans le secteur énergétique", a déclaré Sean McCarthy, chargé d'investissements chez Wells Fargo Private Bank.

"Toutes les autres données ont été très positives, que ce soient les chiffres relatifs à la construction, les indices ISM et surtout les créations d'emplois, qui lui tiennent beaucoup à coeur."

L'absence de consensus sur ce que la Fed va dire à l'issue de sa réunion de politique monétaire sur deux jours promet une certaine volatilité des indices boursiers en début de semaine.

Sur l'ensemble de la semaine, le Dow Jones a perdu 3,7%, soit son recul hebdomadaire le plus marqué depuis novembre 2011, le S&P 3,5% et le Nasdaq Composite 2,7%. Mais, depuis le début de l'année, le Dow Jones affiche encore un gain de près de 5%, le S&P une progression de 9% et le Nasdaq un bond de 12%.

"Le but de la Fed va être de ne pas prendre à contre-pied les acteurs de marché. Elle ne prévoit pas de commencer à mettre en place un bouleversement de sa politique et c'est sur ce point que devrait insister Janet Yellen lors de sa conférence de presse", estime Bank of America/Merrill Lynch.

Parmi les autres indicateurs au programme de la semaine figurent la production industrielle, les mises en chantiers et les permis de construire, les données relatives aux prix à la consommation ou encore l'indice "Philly Fed".

(Benoit Van Overstraeten pour le service français)

par Rodrigo Campos