(Actualisation: commentaires du directeur général, Jean-Laurent Bonnafé, sur les perspectives de rentabilité et de solvabilité, commentaire supplémentaire d'analyste et réactualisation du cours de Bourse.)

BNP Paribas (>> BNP PARIBAS) a renoué avec les bénéfices et amélioré ses ratios de solvabilité au deuxième trimestre, après avoir accusé de lourdes pertes à la période correspondante de 2014 en raison des pénalités infligées à la banque française par les autorités américaines pour violation des sanctions imposées par les Etats-Unis à l'Iran, au Soudan et à Cuba.

La première banque française cotée en termes d'actifs a annoncé vendredi que son bénéfice net s'était établi à 2,56 milliards d'euros au deuxième trimestre. Elle avait accusé une perte nette de 4,22 milliards d'euros un an plus tôt, en raison d'une provision de 5,75 milliards d'euros constituée pour payer l'amende de près de 9 milliards de dollars reçue aux Etats-Unis, la plus importante jamais payée par une banque dans une affaire de non respect des sanctions.

Au deuxième trimestre 2015, le résultat net de BNP Paribas a notamment été gonflé par "une plus-value de dilution due à la fusion de Klépierre et de Corio, ainsi que la plus-value réalisée à l'occasion de la cession d'une participation de 7% dans Klépierre-Corio pour un montant total de 420 millions d'euros", a expliqué le groupe dans un communiqué.

Les analystes interrogés par le Wall Street Journal anticipaient un bénéfice net de 1,87 milliard d'euros au deuxième trimestre.

Le produit net bancaire a augmenté de 16% au deuxième trimestre, à 11,08 milliards d'euros, soutenu par l'affaiblissement de l'euro et par la vigueur de la banque d'investissement.

"C'est le meilleur trimestre que le groupe a connu depuis un bon moment", a observé Jon Peace, analyste chez Nomura.

Bond des revenus de la BFI

Comme plusieurs autres banques européennes, BNP Paribas a bénéficié sur la période de la volatilité des marchés, notamment asiatiques, qui a porté son activité de trading d'actions et de produits dérivés. Les résultats de la banque signalent également un redressement modeste de la demande de prêts en Europe.

Les revenus de la banque de financement et d'investissement (BFI) ont crû de 16%, à 3,05 milliards d'euros entre avril et juin, tandis que la banque de détail en France, en Italie, en Belgique et au Luxembourg a réalisé un produit net bancaire de 4,02 milliards d'euros, en hausse de 3% par rapport à la période correspondante de l'année dernière. La division de services financiers internationaux du groupe, qui comprend les activités de banque de détail hors zone euro, de gestion de fortune, de crédit à la consommation et d'assurance, a vu ses revenus bondir de 21%, à 3,88 milliards d'euros.

Le directeur général, Jean-Laurent Bonnafé, a indiqué vendredi que BNP Paribas était "en bonne voie" d'atteindre son objectif d'un rendement des fonds propres d'au moins 10% en 2016. Il a ajouté que la banque détaillerait à la fin de l'année un nouveau plan de réorganisation dans sa banque d'investissement pour réduire davantage les coûts.

Amélioration de la solvabilité

La forte croissance des revenus a également permis à la banque de renforcer ses matelas de fonds propres, ce qui fait bondir son titre. Vers 15h55, L'action BNP Paribas gagnait 2,8% à 59,27 euros, soutenue par les résultats nettement supérieurs aux attentes de la banque et par l'amélioration des ratios de solvabilité.

Le ratio de solvabilité Core Tier 1 de la banque a progressé à 10,6% au 30 juin, contre 10,3% au 31 mars, tandis que le ratio de levier s'est établi à 3,7%, comparé à 3,4% fin mars.

"Les ratios devraient continuer à progresser d'ici à la fin de l'année du fait de la bonne activité du groupe", a déclaré Jean-Laurent Bonnafé.

Les régulateurs européens poussent les grandes banques à lever davantage de capitaux, alors que les autorités du monde entier cherchent à redresser un système financier qui souffre encore de la crise qui a éclaté voilà sept ans.

"La réserve de liquidité du groupe, instantanément mobilisable, est de 290 milliards d'euros (291 milliards d'euros au 31 décembre 2014), soit plus d'un an de marge de manoeuvre par rapport aux ressources de marché", a précisé la banque dans son communiqué.

Dans une note, le courtier Kepler Cheuvreux observe que la banque française "semble avoir enfin commencé à ajuster son bilan pour améliorer" son ratio de levier. De son côté, Oddo se dit "convaincu que le consensus sous-estime les effets de l'accélération de la croissance économique sur les résultats".

BNP Paribas est la première des grandes banques françaises à publier ses résultats trimestriels. Crédit Agricole SA (>> CREDIT AGRICOLE) annoncera les siens le 4 août et Société Générale (>> SOCIETE GENERALE), le 5 août.

-Noémie Bisserbe et Valérie Venck, The Wall Street Journal (ed/LB/EC)

(Version française Céline Fabre)

Valeurs citées dans l'article : BNP PARIBAS, SOCIETE GENERALE, CREDIT AGRICOLE