Depuis juillet 2009, Jean-Marie Kuhn tente de prouver que la revente par Albert Frère de Quick en 2006 à la Caisse des Dépôts et Consignations Capital Investissement (CDCCI, filiale de la CDC), pour 800 millions d’euros a été largement surévaluée. Suite à la publication d’un article sur le sujet, Zonebourse ainsi que Rue89 avaient été attaqués pour diffamation. Nous avons d'ailleurs consacré un dossier spécial à cette affaire.

Une fois de plus Jean-Marie Kuhn remet en question la pertinence des investissements réalisés par la CDC et s’interroge sur l’intérêt d’une telle opération. La CDC aurait acheté 25% de GRT-Gaz, filiale de GDF-SUEZ pour un milliard d’euros. Questionnée à ce sujet par un député lors de l’Assemblée Nationale du 18 mai dernier, Christine Lagarde a répondu : « Cette opération correspond à la stratégie de l’Etat, qui consiste à renforcer de grands acteurs. En sorte, nous donnons les moyens financiers à un grand acteur qui pourra dorénavant intervenir ailleurs qu’en France ».

Il n’en fallait pas plus à Jean-Marie Kuhn pour rebondir. Tout d’abord, cette justification est, pour lui, fallacieuse dans la mesure où « GDF-SUEZ est déjà un acteur mondial qui n’a pas attendu ce milliard pour devenir leader dans son activité dans de nombreux pays ».

Ensuite, dans la requête au procureur général Jean-Louis Nadal, que nous nous sommes procurés, l’homme d’affaires affirme que « la CDC a déboursé plus de un milliard d’euros d’argent public pour un investissement qui n’est ni stratégique ni dans ses missions de service public ». Jean-Marie Kuhn compare cet investissement coûteux à « un boulet » que devra ensuite se traîner la CDC dans la mesure où une telle participation est difficilement revendable ; à l’instar de Quick qui ne trouve toujours pas preneur aujourd'hui.

La thèse de Jean-Marie Kuhn est donc la suivante : le seul but de cet investissement consiste à apporter de nouveaux fonds publics à un groupe privé dans lequel Albert Frère détient des intérêts. Rappelons, en effet, qu’Albert Frère est le premier actionnaire privé du groupe GDF-SUEZ. Pour Jean-Marie Kuhn, Albert Frère se serait d’ailleurs renforcer au capital de GDF-SUEZ grâce aux fonds issus de la cession de Quick.

La justice décidera si elle donne suite, ou non, à cette démarche, jugée « fantaisiste » par l’entourage de la ministre de l’Economie. Rappelons que Christine Lagarde est déjà mise en cause dans l’affaire Tapie pour le même grief : « abus d’autorité ».

Pauline Raud