Richemont, le groupe de luxe suisse dont Cartier est l'une des grandes marques, a terminé le 1er semestre (S1) de son exercice 2015/2016 sur un résultat net en hausse de 22% à 1,1 milliard d'euros (1,95 euro par action). Ce bénéfice tient compte d'éléments exceptionnels importants mais la marge opérationnelle, elle, baisse de 200 points de base. En effet, la croissance des ventes a nettement ralentit depuis la rentrée, et à changes constants, elle était même négative de 6% en octobre, premier mois du second semestre (S2). Patron du groupe, Johann Rupert table donc sur une “situation tout aussi exigeante” au S2.

A la Bourse de Zurich, l'action Richemont chute de 7,5% à 80,1 francs suisses.

Attention, Richemont a organisé la fusion de sa filiale Net-A-Porter avec l'italien Yoox pour créer un nouveau groupe coté en Italie, dont il détient 50% des parts (et 25% des voix). Le groupe suisse a de ce fait constaté 620 millions d'euros de plus-value nette comptable, par essence non récurrente, sur le premier semestre.

Sur la période, les ventes portées par les changes de 5,8 milliards d'euros ont augmenté en données publiées de 15%, soit + 3% à devises constantes.'La forte progression des ventes réalisées dans les boutiques en propre des Maisons du groupe compense la performance, plus contrastée, du réseau de distribution, particulièrement en net recul dans la zone Asie Pacifique', indique la direction.

Rappelons cependant que le 16 septembre dernier, à l'occasion de son AG, le groupe avait indiqué que sur les cinq premiers mois de l'exercice en cours, la hausse de son CA hors changes était de 4%, ce qui suppose une tendance moins favorable au mois de septembre.

Par région, la première d'entre elles, l'Asie Pacifique hors Japon, affiche un CA semestriel en baisse de 17% à changes constants, soit 1,9 milliard, quand l'Europe prend à l'inverse 24% à 1,9 milliard également. L'Amérique et le Moyen-Orient varient peu, quand le Japon s'envole de 44% à 534 millions.

Par activité, la haute joaillerie majoritaire (Cartier, Van Cleef & Arpels) affiche une croissance publiée de ses ventes de 18% à 3,2 milliards d'euros, mais sa marge opérationnelle se tasse de 160 points de base à 34,7%. La branche Horlogerie progresse de 8% à 1,7 milliards, sa marge pliant de 540 points à 23%.La division Autres, qui comprend la marque Montblanc et Net-A-Porter, prend 17% à 895 millions, sa marge restant négative (- 1,2%), mais en amélioration de 100 points sur un an.

De ce fait, le résultat opérationnel de Richemont n'augmente en données publiées que de 6% à 1,4 milliard d'euros, soit moins vite que le CA, et fait baisser la marge opérationnelle du groupe de 200 points à 24%.

Du côté du bilan, la génération de cash-flow progresse de 5% à un peu plus d'un milliard d'euros, soit une trésorerie nette de 4,8 milliards d'euros (+ 11,4%).

Président de Richemont et détenteur de la majorité des voix, Johann Rupert qualifie ces résultats de 'satisfaisants'. Il estime en substance que la forte demande en Europe a compensé la baisse de la région asiatique, et que du côté de l'horlogerie, la forte demande des boutiques détenues en propre 'compense le recul de la demande de nos partenaires horlogers'.

Du côté des “bons points”, les dépenses des touristes asiatiques, par exemple de passage en Europe, sont citées : 'Les touristes représentant une part importante de notre clientèle, nos résultats témoignent de la capacité de nos Maisons à s'adapter en permanence aux changements de tendances en termes de demande ou de destination touristique.' Richemont estime aussi que l'appréciation du franc suisse, en début d'année, a été compensée par des 'ajustements tarifaires'.

Cependant, le CA hors changes, en hausse de 4% sur les cinq premiers mois de 2015/2016 et de 3% sur les six premiers, s'est contracté hors devises en octobre, premier mois du second semestre : + 1% seulement en données publiées, et - 6% à changes constants.

'Les tendances du premier semestre en termes de mix marché, produit et canal de distribution se sont accentuées au cours du mois d'octobre : la croissance en Europe et au Japon, toutefois moindre, compense la faiblesse persistante en Asie Pacifique et en Amérique. La joaillerie continue de réaliser de meilleures performances que l'horlogerie. Les ventes au sein de nos boutiques en propre demeurent mieux orientées que celles au sein de nos partenaires horloger', commente M. Rupert.

De ce fait, 'pour le second semestre, la situation s'annonce tout aussi exigeante, en particulier en raison des difficultés de nos partenaires horlogers', termine-t-il.


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