Le cablo-opérateur Time Warner Cable (+4,50% à 178,88 dollars), n°2 américain, était au centre des attentions depuis plusieurs semaines. Son concurrent ComCast a tenté un premier rachat finalement avorté faute d'accord des autorités de la concurrence. Le groupe Altice, propriété de Patrick Drahi, était également donné acheteur, notamment depuis son acquisition du n°7 américain, Suddenlink. Finalement, c'est donc Charter Communication (+1,54% à 178,032 dollars), le troisième cablo-opérateur américain, qui a mis la main sur Time Warner Cable (TWC) pour 78,7 milliards de dollars.

La transaction valorise chaque action TWC à 195,71 dollars, soit une prime de 14% par rapport à son cours de clôture de vendredi dernier. Le montant payé par Charter Communication pour chaque titre TWC sera versé pour partie en cash, à hauteur de 100 dollars par action, et pour partie en titre d'une nouvelle entreprise Charter constituée pour l'occasion.

Avec son rachat de Time Warner Cable, Charter Communication, soutenu par son principal actionnaire John Malone, s'impose comme le pivot du mouvement de consolidation en cours aux Etats-Unis. En effet, les cablo-opérateurs américains cherchent à grossir pour faire face à la concurrence des nouveaux acteurs du secteur comme Netflix. Ces derniers font pression sur les prix alors que les cablo-opérateurs traditionnels doivent financer leurs infrastructures. La concentration permet de faire des économies d'échelle en mutualisant les moyens.

Dans ce contexte, Charter Communication a donc mis la main sur une cible de choix, après avoir acquis Bright House pour 10,4 milliards de dollars fin mars. Avec 23,9 millions de clients, l'ensemble formé par Charter, Bright House et Time Warner Cable devrait représenter un client sérieux pour le premier cablo-opérateur américain ComCast (27,2 millions).

Le marché français des télécoms pourrait aussi enregistrer un effet collatéral du mouvement en cours outre-Atlantique. En effet, alors que TWC était présenté comme une cible potentielle d'Altice, ce dernier se retrouve pris de vitesse par John Malone et Charter Communication. Dès lors, le groupe néerlandais, maison-mère de Numericable-SFR, pourrait se reconcentrer sur le marché hexagonal. Et relancer la spéculation sur le passage de quatre à trois opérateurs d'ici la fin de l'année.

(E.L.L.)