L'action du géant italien des montures de lunettes Luxottica, dont Ray-Ban et Oakley sont les marques phares, perdait plus de 5% ce matin à la Bourse de Milan, où l'indice FTSE Mib limite son recul à 1%, après avoir lancé un avertissement sur ses ventes et ses résultats attendus pour l'année 2016. Le groupe met notamment en cause l'orientation de son principal marché, l'Amérique du Nord, et les conséquences d'une météo peu favorable.

A la Bourse de Milan ce matin, l'action Luxottica perd 5% à 43,1 euros dans un marché italien en baisse de 1%. Le titre a perdu près de 29% de sa valeur cette année.

Au premier semestre, les ventes ajustées nettes du groupe ont reculé, en données publiées, de 0,7%, tout en augmentant de 1,6% à changes constants (dont + 1,9% pour la branche, majoritaire en CA et plus rentable, de vente au détail). Mais au 1er trimestre, le CA ajusté du groupe avait augmenté de 1,8%, ce qui suppose une dégradation nette au 2e trimestre.

Le résultat opérationnel semestriel a reculé de 2,5% à 857 millions d'euros (+ 1,5% hors effets de changes), même si le résultat net ajusté, lui, grappille 1,3% à 532 millions d'euros (1,11 euro par action ; + 5,6% à changes constants).

Certes, Luxottica souligne sa génération record de cash flow libre sur le semestre (403 millions d'euros), mais 'en raison des incertitudes accrues quand à nos marchés', il aussi revu en baisse ses attentes quant à l'ensemble de 2016.

Le président-fondateur du groupe, Leonardo Del Vecchio et son DG, Massimo Vian, ont mis en cause les 'conditions climatiques défavorables' qui, jusqu'à la fin du mois de juin, ont pénalisé les ventes, notamment en Amérique du Nord, premier marché du groupe avec environ 58% de l'activité.

D'où un double warning : Luxottica prévoit désormais en 2016 un CA à changes constants en hausse de 2 à 3%, contre + 5 à + 6% précédemment. Le résultat opérationnel et le résultat net ajustés devraient désormais progresser dans les mêmes proportions alors qu'auparavant, ils devraient augmenter 1,5 fois plus vite.

Relevant que le résultat opérationnel semestriel était conforme aux attentes du marché, les analystes de Credit Suisse soulignent que la direction avait déjà laissé entendre que son activité faiblirait au 2e trimestre, ce qui peut expliquer la réaction relativement mesurée du marché au double avertissement. Ils estiment aussi que les nouvelles prévisions sont déjà intégrées par le consensus.

Selon Credit Suisse, Luxottica fait face 'à des vents contraires cycliques et non structurels'. Ces derniers sont liés d'abord à la mise en place, pour ce groupe dont les montures solaires concentrent 56% du CA, d'un prix de vente publicitaire minimal ('minimum advertising price', MAP) pour la marque phare Ray-Ban, qui s'impose depuis le 4 avril en Amérique du Nord afin de défendre la marque - et donc ses marges. Et ensuite un ensoleillement limité au 2e trimestre.

De ce fait, Credit Suisse maintien son conseil acheteur de 'surperformance' sur le titre, ainsi que son objectif de cours de 52 euros.

Idem chez Société Générale, qui ne se déclare pas surpris par cette annonce, même si l'impact du MAP est plus fort qu'escompté. Les spécialistes mettent en avant que l'année 2016 sera celle de la refonte du distributeur maison LensCrafters et de la marque Oakley, ce qui induira des coûts à court terme, mais des bénéfices à plus longue échéance. Les analystes ne sont pas non plus inquiets de la vision stratégique de Leonardo Del Vecchio, le président-fondateur, qui a repris en main la direction du groupe l'an dernier. A l'achat, ils visent toujours 56 euros à un horizon de 12 mois.



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