Le groupe suisse, numéro un mondial de l'alimentation, a par ailleurs dit que son approche vis-à-vis de sa participation de 23% dans L'Oréal n'avait pas changé après le décès la semaine dernière de Liliane Bettencourt, l'héritière du groupe de cosmétiques.

A l'occasion d'une journée investisseurs à Londres, le groupe de Vevey a dit viser une marge opérationnelle courante récurrente comprise entre 17,5% et 18,5% d'ici 2020 et une croissance organique moyenne à un chiffre au même horizon.

Les investisseurs attendent du nouvel administrateur délégué Mark Schneider, arrivé en janvier, qu'il apporte la preuve que Nestlé peut améliorer ses performances dans un marché de l'agroalimentaire encombré par les lancements de nouvelles marques et bousculé par les changements d'habitudes de consommation.

L'établissement d'un objectif de marge était l'une des demandes du fonds activiste américain Third Point, qui a révélé en juin avoir pris une participation de plus de 1% dans Nestlé et a exigé du groupe qu'il lance également des rachats d'actions et se sépare d'actifs non stratégiques, notamment sa participation dans L'Oréal.

Nestlé a dit que sa forte génération de cash devrait lui permettre d'accélérer son programme de rachats d'actions pouvant aller jusqu'à 20 milliards de francs suisses (17,4 milliards d'euros) en l'étalant sur trois ans plutôt qu'en le réalisant en 2019 et 2020 comme initialement annoncé en juin.

AJUSTEMENT DU PORTEFEUILLE

"La pression des investisseurs pour un objectif de marge était très forte alors que la menace de Third Point plane. L'objectif ne paraît pas très impressionnant, mais il trace la voie pour l'entreprise", a commenté Jean-Philippe Bertschy, analyste chez Vontobel, ajoutant que son respect dépendrait des fusions et acquisitions et d'éventuelles cessions réalisées par le groupe.

Unilever, qui a repoussé cette année une offre à 143 milliards de dollars (121 milliards d'euros) de Kraft Heinz, s'est fixé un objectif de marge opérationnelle récurrente de 20% à l'horizon 2020.

"Nous considérons que le nouvel objectif de marge est raisonnable parce qu'il ménage une marge de manoeuvre pour l'investissement et pour atteindre l'objectif inchangé d'une croissance des vente autour de 5% d'ici 2020", écrit Patrik Schwendimann, analyste de la Banque cantonale de Zurich, dans une note de recherche.

Le titre Nestlé, qui avait ouvert en baisse à la Bourse de Zurich, avance de 1,42% à 82,50 francs vers 10h45 GMT.

Mark Schneider a prévenu que l'objectif de marge n'avait pas vocation à être relevé à l'avenir. Il a aussi indiqué que l'ajustement en cours du portefeuille de marques de Nestlé pourrait concerner jusqu'à 10% de son chiffre d'affaires.

"On doit sortir de certains domaines et en investir d'autres", a-t-il dit, prenant pour exemple la décision récente du groupe de mettre en vente son activité américaine de confiserie.

Chaque décision doit cependant être soupesée à cause des coûts que ces changements impliquent, a-t-il ajouté.

Comme actifs ayant sous-performé, le patron de Nestlé a cité la marque chinoise Yinlu, les aliments pour bébé Gerber et Nestlé Skin Health, alors que les produits dans la nutrition, la santé et le bien-être ont réalisé une croissance supérieure aux autres activités du groupe.

Nestlé entend en revanche conserver ses activités américaines dans les surgelés, a-t-il ajouté.

Le groupe entend concentrer ses investissements sur les catégories de produits alimentaires et de boissons à forte croissance, telles que le café, les produits pour animaux de compagnie, la nutrition infantile et l'eau en bouteille, tout en poursuivant des opportunités de croissance dans le domaine des produits de santé grand public.

L'administrateur délégué a dit que l'approche de Nestlé vis-à-vis de sa participation dans L'Oréal n'avait pas changé après le décès la semaine dernière de Liliane Bettencourt.

"Notre approche vis-à-vis de l'investissement dans L'Oréal reste inchangée pour le moment", a-t-il déclaré.

La disparition de Liliane Bettencourt a relancé les spéculations sur les relations entre le groupe de cosmétiques et Nestlé, son deuxième actionnaire.

(Marc Joanny pour la version française, édité par Véronique Tison)

par Silke Koltrowitz et Martinne Geller

Valeurs citées dans l'article : L'Oréal, Unilever (NL), Nestlé, Unilever