S&P a créé la stupeur en annonçant en début de semaine la mise sous surveillance, avec implication négative, d’une quinzaine de pays de la zone euro. Pour la première fois, même l’Allemagne pourrait voir sa note abaissée d’un cran. Le cas de la France préoccupe davantage S&P, qui pourrait abaisser sa note de deux crans.

L’agence américaine de notation estime que l’économie française pourrait être pénalisée par la restriction du crédit qui commence à se faire durement ressentir dans la zone euro. Pis, l’agence prévoit que les banques françaises devront emprunter l’an prochain des sommes « considérables » sur les marchés internationaux, à des taux d’intérêt toujours plus élevés. S&P qualifie par ailleurs « d’insuffisantes » les mesures budgétaires annoncées par le gouvernement français, dont les prévisions de croissance sont en outre jugées trop optimistes.

Un nouveau choc pourrait s’avérer fatal
Les analystes de Fitch ne sont pas tout à fait du même avis. Selon eux, les dernières décisions « importantes » annoncées par Paris vont permettre de « renforcer la crédibilité de ses plans de consolidation budgétaires », ainsi que sa note « AAA ». Fitch ajoute que les fondements économiques français demeurent « solides » en dépit de la crise.

Si la France n’a pas encore amorcé sa chute, elle n’en reste pas moins au bord du précipice, avertit l’agence de notation. « La capacité à absorber des chocs supplémentaires, si la crise devait s’aggraver, a largement été épuisée », prévient l’agence de Marc Ladreit de la Charrière.

L’annonce de Fitch, qui survient (comme celle de S&P) à la veille du sommet franco-allemand consacré à la révision des traités européens, peut être interprétée comme une forme d’encouragement à adopter davantage de rigueur.