Bouygues (-1,42% à 37,27 euros) signe la deuxième plus forte baisse du CAC 40 après l'abaissement de recommandation de Société Générale. Le bureau d'études est passé de Conserver à Vendre sur la valeur, même s'il a relevé de 26 à 33 euros son objectif de cours. L'argument principal mis en avant par Société Générale pour justifier cette dégradation est que l'amélioration des fondamentaux du groupe Bouygues est certes réelle mais survalorisée par le marché.

"Bien que Bouygues Telecom ait amélioré ses résultats en 2016 et que Colas semble bien positionné pour bénéficier des plans d'investissement dans les infrastructures aux Etats-Unis et au Canada, ces éléments sont plus qu'intégrés dans les niveaux actuels de valorisation", résument les analystes de Société Générale.

Pour eux, la surévaluation est particulièrement sensible pour les actifs de Bouygues dans les télécoms. Avec une valorisation implicite de 8,7 milliards d'euros, la valeur d'entreprise de Bouygues Telecom équivaudrait à 8,2 fois son Ebitda contre 6,5 à 7 fois pour ses comparables.

Société Générale pointe deux motifs qui devraient inciter à une révision de la valeur de Bouygues Telecom. D'abord, la quasi-intégralité de son Ebitda attendu dans les prochaines années risque d'être absorbé par les investissements (capex) nécessaires dans le réseau. Ensuite, l'objectif d'une génération de free cash flow de 300 millions d'euros d'ici 2019 pourrait ne pas être atteint alors que Bouygues Telecom est toujours en situation de free cash flow négatif et endetté à hauteur de 1,1 milliard d'euros.

Bouygues Telecom ne mérite pas de prime spéculative

Outre ces paramètres opérationnels, Société Générale juge que la prime spéculative dont bénéficie Bouygues Telecom, dans la perspective d'une éventuelle consolidation des télécoms en France, n'est pas méritée. Le bureau d'études ne croit en effet pas à un tel mouvement pour trois raisons.

D'abord, Martin Bouygues répète régulièrement que ses actifs télécoms sont stratégiques et la filiale n'a pas d'impératif financier à se vendre. Ensuite, le gouvernement n'est pas vraiment prêt à soutenir une opération de rapprochement au vu des risques politiques qu'elle pourrait comporter (risques sur l'emploi et crainte qu'une consolidation entraine une hausse des tarifs des opérateurs). Enfin, Free n'a plus autant besoin qu'il y a quelques années d'acquérir des actifs dans les réseaux mobiles. Or, un rapprochement Bouygues Telecom/ Orange nécessiterait forcément des "remèdes" pour éviter une trop forte concentration.