Société Générale (SG) ne croit toujours pas au potentiel de l'action Bouygues. L'éventuel rapprochement de Bouygues Telecom et d'Orange, qui dénoterait d'un changement de pied de la part de Martin Bouygues, fait selon les analystes face à 'des risques réglementaires très élevés'. En cause : la concurrence, sinon la faisabilité du 'deal'. SG conseille donc toujours de vendre l'action Bouygues, son objectif de cours à 12 mois restant fixé à 29 euros.

A la Bourse de Paris ce matin, l'action Bouygues recule de 1% à 36,9 euros dans un marché parisien en retrait de 1,5%.

Hier en effet, Orange et Bouygues ont confirmé être entrés en 'discussions préliminaires' en vue de l'éventuel rachat par l'opérateur télécoms historique français de son concurrent Bouygues Telecom. La presse de ces derniers jours, et notamment le Journal du Dimanche, se faisait l'écho d'un prix de 10 milliards d'euros, dont 8 milliards sous forme d'actions qui feraient de Bouygues un important actionnaire minoritaire d'Orange (15% environ).

Rappelons que Martin Bouygues, patron du groupe qui porte son nom, avait mi-2015 refusé de céder Bouygues Telecom à Numericable-SFR, affirmant que sa filiale n'était pas à vendre. Il a manifestement changé de point de vue.

Certes, reconnaît SG, alors que Bouygues dans son ensemble capitalise 12,7 milliards d'euros, la cession de sa seule branche Telecom pour 10 milliards 'constituerait une bonne nouvelle selon nous, étant donné que Bouygues Telecom n'est pas en mesure d'afficher un cash flow libre positif pendant un certain temps.' Mais les analystes sont malgré tout dubitatifs : 'nous avons du mal à comprendre les raisons qui ont amené Martin Bouygues, PDG du groupe, à revoir sa position au sujet de Bouygues Telecom, ce dernier ayant longtemps écarté l'option d'une cession', indique la note.

Surtout, Société Générale met en avant les risques concurrentiels qui menacent cet éventuel rapprochement : 'les autorités de réglementation pourraient ne pas accepter facilement un possible passage de quatre à trois opérateurs en France, même si nous pensons qu'Iliad est susceptible de rester un acteur offensif après une éventuelle opération', estiment les analystes.

Les spécialistes mettent d'ailleurs en avant le 'précédent danois' : l'an dernier, la Commission européenne a bloqué la fusion des filiales locales de Telenor et de TeliaSonera, qui aurait ramené de 4 à 3 le nombre d'opérateurs mobiles au Danemark.

Société Générale craint aussi que les autorités de la concurrence n'exigent que les actifs de Bouygues Telecom qu'Orange aurait l'intention de revendre (le JDD parle de 5 milliards d'euros, soit la moitié du montant évoqué pour l'acquisition) ne soient pas cédés à Numericable-SFR ni à Free (Iliad), 'mais à un acteur tiers (...) afin de maintenir un niveau de concurrence satisfaisant sur le marché français.' SG craint aussi qu'Orange ait du mal à vendre lesdits actifs dans de bonnes conditions.

Et dans ce cas, la thèse du retour de 4 à 3 opérateurs mobiles en France aurait du plomb dans l'aile : 'le cas échéant, le prix de la transaction devrait être actualisé pour tenir compte de l'arrivée d'un nouvel acteur, ce qui aurait pour effet d'exercer des pressions sur la valorisation de Bouygues Telecom et pourrait réduire l'attrait d'un rachat pour Orange, mettant ainsi en péril l'opération', écrit SG.

Coup de pied de l'âne : même si l'opération Orange/Bouygues Telecom se concrétisait selon les termes évoqués dans la presse, cela serait positif pour l'action Bouygues. Mais il faudrait alors tenir compte d'une ''une décote de conglomérat plus importante” liée à l'éventuelle participation minoritaire de Bouygues dans Orange.



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