Emmanuel Macron ne veut à aucun prix apparaître comme le ministre de l'Economie qui aurait permis à Martin Bouygues de prendre le contrôle de l'ancien France Telecom, fait valoir une de ces sources.

Si l'opération va à son terme, Bouygues deviendrait le premier actionnaire privé d'Orange à travers une augmentation de capital réservée qui diluerait mécaniquement la participation de 23% de l'Etat.

Bouygues a indiqué en février vouloir acquérir 15% d'Orange et aurait déjà obtenu un accord pour monter à 12%.

Le ministre de l'Economie a demandé à Bouygues, sans succès pour le moment, de s'engager à geler la participation qu'il obtiendrait dans Orange pour une durée de sept ans et de renoncer aux droits de votes doubles qu'obtiennent les investisseurs de long terme.

Bercy et Bouygues n'ont pas souhaité commenter ces informations mais, selon le PDG d'Orange, les discussions sur le rachat de Bouygues Telecom ne butent pas sur des points particuliers.

"PAS DE POINT D'ACHOPPEMENT EN PARTICULIER"

"Il n’y a pas de point d’achoppement en particulier, on ne peut pas dire que cette négociation bute sur tel ou tel aspect", a déclaré Stéphane Richard à Reuters, en marge d'un déplacement à Bordeaux.

"Il reste un certain nombre de faits à la fois financiers et juridiques à régler, qui portent sur le partage des risques et sur les paramètres financiers de l’opération. C’est un travail qui se poursuit. A l’heure qu’il est, on ne peut pas préjuger de l’issue finale de ces travaux, mais nous continuons à avancer", a-t-il souligné.

Le principe d'une représentation du groupe de BTP au sein d'un conseil élargi de l'opérateur télécom ne pose pas de problème en soit, a dit son PDG.

"Quand on parle de gouvernance, il y a des règles simples : s’il y a un nouvel actionnaire au sein d’Orange, il devra bien entendu avoir une présence au sein des instances de gouvernance. Je ne pense pas que ce soit le sujet qui cristallise le débat aujourd’hui", a précisé Stéphane Richard.

Interrogé sur le niveau de 12% évoqué pour la participation du groupe Bouygues dans le capital d'Orange, il a répondu : "Tout cela n'est pas encore figé."

Ce projet de rapprochement complexe implique aussi les concurrents des deux groupes, à savoir Iliad et SFR auxquels des actifs devraient être cédés pour que l'opération obtienne le feu vert de l'Autorité de la concurrence.

Concernant ce volet des rétrocessions, Stéphane Richard a déclaré qu'il n'était pas le plus problématique mais qu'en revanche les discussions portaient sur le partage des risques entre les différentes parties prenantes en cas d'échec du projet de fusion pour des raisons de concurrence.

(Claude Canellas avec Matthieu Rosemain à Paris, Sophie Sassard à Londres, Julien Ponthus pour le service français, édité par Jean-Michel Bélot)

Valeurs citées dans l'article : BOUYGUES, ORANGE SA, ILIAD, Numericable Group