Le secteur français des télécommunications est relégué aux derniers rangs du SBF 120 à la Bourse de Paris. Les quatre opérateurs accusent une nette baisse après le communiqué du groupe Orange (-3,09% à 11,43 euros) annonçant son refus de participer pour le moment à la consolidation du secteur. L'opérateur historique, qui avait avoué le 16 mai dernier par la voix de son PDG Stéphane Richard être en discussion avec Bouygues Telecom en vue d'un possible rapprochement, juge aujourd'hui que les conditions propices à une telle opération ne lui semblent pas réunies.

Cette annonce pénalise en premier lieu Iliad (-4,88% à 213,4 euros). Le propriétaire de la marque Free, qui a rogné les marges du segment de la téléphonie mobile depuis janvier 2012, est en effet considéré par la plupart des analystes comme gagnant dans toutes les configurations de consolidation. Tout rapprochement entre deux de ses concurrents donnerait lieu à coup sûr à une cession de réseau à bas prix, exigée par l'Autorité de la concurrence ou l'Arcep, gendarme français des télécoms. Mais il n'aurait en revanche pas grand-chose à gagner au maintien d'un marché français à quatre acteurs.

De son côté, Bouygues (-3,23% à 29,365 euros) a déjà fait état ces dernières semaines de ses difficultés dans le secteur. Bouygues Telecom, qui n'a pas su convaincre Vivendi dans le dossier du rachat de SFR, se cherche une stratégie et joue la carte des offres au rabais sur l'Internet fixe afin d'attaquer Iliad sur son terrain. Ses difficultés à se trouver un allié l'ont même poussé le 11 juin dernier à annoncer un plan de suppression de 1 516 emplois.

Orange (-3,09% à 11,43 euros), encore détenu à près de 27% par l'Etat, étudiait ces derniers jours un probable rachat en numéraire de Bouygues Telecom après avoir décliné l'offre de rapprochement de Martin Bouygues sous forme d'une montée de l'industriel au capital de l'ex-France Telecom. Mais le communiqué d'aujourd'hui éloigne tout espoir de fusion prochaine.

Enfin, Numericable (-2,96% à 43,33) a déjà joué sa carte maîtresse en remportant SFR pour 13,5 milliards d'euros. Le rapprochement du spécialiste de la fibre optique, nouveau terrain d'affrontement des opérateurs, avec l'un des grands opérateurs français de téléphonie mobile devrait apporter à la filiale d'Altice une position confortable.

Le seul espoir d'un retour à un marché à trois acteurs, appelé de ses voeux par le ministre de l'Economie Arnaud Montebourg depuis plusieurs mois, semble aujourd'hui résider dans une nouvelle tentative de conciliation entre Iliad et Bouygues Telecom. Un scénario difficile à concrétiser lorsqu'on connaît les antagonismes profonds entre Martin Bouygues et Xavier Niel.

(E.B)