La compagnie irlandaise à bas coûts a annoncé vendredi soir qu'elle annulerait de 40 à 50 vols quotidiens jusqu'à la fin du mois prochain afin notamment de permettre à son personnel navigant de solder ses arriérés de congés avant la fin de l'année.

Le titre a perdu plus de 3% en début de séance à la Bourse de Dublin et cède encore 1,70% à 16,78 euros vers 16h15 GMT.

Ryanair, première compagnie aérienne d'Europe par le nombre de passagers transportés, a expliqué également que des grèves de contrôleurs aériens et des perturbations météorologiques avaient affecté ses performances et que la réorganisation des vols lui permettrait de revenir à un niveau de ponctualité normal.

Les annulations sont destinées à "améliorer le système de ponctualité du groupe tombé sous les 80% au cours des deux premières semaines de septembre", a fait valoir Ryanair.

"Cela fait clairement désordre, et dans un contexte où nous opérons plus de 2.500 vols par jour, ce nombre (de vols annulés) est raisonnablement faible mais n'efface en rien les désagréments que nous causons aux passagers", a concédé le directeur général Michael O'Leary.

Une porte-parole a indiqué par la suite que la compagnie s'attendait à des demandes d'indemnisation totalisant jusqu'à 20 millions de dollars.

Norwegian Air, autre transporteur low-cost qui développe actuellement des lignes longue distance, a indiqué lundi avoir débauché plus de 140 pilotes de Ryanair cette année, contribuant à la pénurie de personnel à la compagnie irlandaise.

Ryanair a adressé dès vendredi ses premiers courriels aux passagers concernés, leur donnant le choix d'un remboursement ou d'une réservation sur un autre vol, sans devoir s'acquitter de la pénalité de 40 euros en cas de changement de billet.

"Cette séquence suggère que le développement agressif de Ryanair n'est pas franchement maîtrisé", commente Tangi le Liboux, stratège marchés chez Aurel BGC.

"L'image de marque, qui n’était déjà pas fameuse, n’en sortira pas renforcée (...) Cet épisode ne devrait cependant pas laisser de traces indélébiles. Les clients qui voyagent avec Ryanair le font avant tout pour le prix. Or, la compagnie irlandaise reste imbattable ou presque sur de nombreuses lignes", ajoute-t-il.

LE PRIX À PAYER

Les analystes de Goodbody Stockbrokers à Dublin estiment que ces annulations coûteront quelque 34,5 millions d'euros à la compagnie, dont 23,5 millions en indemnisations, 6,3 millions en commissions perdues et 4,7 millions en autres frais.

Goodbody s'attend à ce que sa prévision de bénéfice net annuel, actuellement à 1,479 milliard d'euros, s'en trouve réduite de 2,3%.

En juillet, la compagnie a confirmé anticiper un bénéfice compris entre 1,4 et 1,5 milliard d'euros pour son exercice décalé qui s'achèvera le 31 mars 2018.

La Commission européenne a averti lundi que Ryanair devait se conformer à la réglementation européenne en matière de remboursement et de compensation.

"Les compagnies aériennes qui opèrent dans l'UE doivent respecter les règles européennes (...) Les passagers dont les vols ont annulés disposent d'un ensemble de droits", a dit un porte-parole lors d'un point de presse.

Sauf cas de force majeure, les compagnies doivent informer leurs passagers au moins deux semaines à l'avance sous peine de devoir payer 250 euros par passager sur des vols de 1.500 km au plus ou 400 euros pour des vols plus longs en Europe.

Le ratio de ponctualité de Ryanair en septembre est tombé à 80% contre 89% sur les trois mois à fin juin. A l'époque, Michael O'Leary avait dit vouloir revenir à plus de 90%.

The Irish Independent a rapporté lundi que Ryanair offrait une prime de 10.000 euros à ses pilotes à l'embauche en réponse à ses problèmes de recrutement. La compagnie n'a pas souhaité commenter cette information.

Ryanair employait 4.058 pilotes à la fin mars, selon son rapport annuel, contre 3.424 un an auparavant, afin de répondre au nombre croissant de ses passagers.

Dans une étude parue en juin, la société de formation CAE a estimé que l'aviation commerciale mondiale aurait besoin de 255.000 pilotes supplémentaires d'ici 2027 pour répondre à la rapide croissance du secteur et qu'elle n'anticipait pas suffisamment cette situation.

(avec les contributions de Ole Petter Skonnord à Oslo, Victoria Bryan à Berlin et Alistair Smout à Londres; Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Véronique Tison)

par Padraic Halpin

Valeurs citées dans l'article : Cae Inc, Ryanair Holdings plc, Norwegian Air Shuttle, EasyJet