Ryanair a pris cette décision dans le but d'éviter une grève des pilotes en Italie. L'arrêt de travail programmé pendant quatre heures vendredi a été suspendu. D'autres préavis ont été déposés pour la semaine prochaine en Irlande et au Portugal.

La reconnaissance des syndicats par Ryanair a fait l'effet d'une douche froide sur le cours de Bourse de la compagnie, qui a abandonné plus de 8,5% à Dublin, à 15,00 euros.

Le refus de Michael O'Leary, directeur général du transporteur aérien irlandais, d'admettre des syndicats a été l'un des fondements du modèle à bas coûts de l'entreprise, passée en quelques décennies du statut du petite compagnie locale au numéro un du secteur en Europe en termes de trafic passagers.

Réputé pour ses déclarations à l'emporte-pièce, Michael O'Leary aurait dit un jour qu'il préférait se couper la main plutôt que de reconnaître des syndicats.

"La reconnaissance des syndicats constituera un changement significatif pour Ryanair mais nous avons déjà été capables par le passé de changements radicaux", a déclaré le DG de Ryanair dans un communiqué.

"Nous espérons et partons du principe que nous nous mettrons d'accord avec nos pilotes sur ces structures au début de la nouvelle année."

Les pilotes de Ryanair sont mobilisés depuis l'annonce choc en septembre de l'annulation de 20.000 vols en raison de cafouillages dans les tableaux de services.

Ils dénoncent un climat de travail déplorable et une pénurie de personnel très importante, ce que la direction dément, assurant en outre fournir parmi les meilleurs salaires et conditions de travail du secteur.

"UN CHANGEMENT BIENVENU"

La compagnie s'est employée à rassurer les investisseurs en expliquant qu'il serait sans doute plus facile de recruter des pilotes une fois que les syndicats auront été reconnus.

Le directeur des ressources humaines de Ryanair, Edward Wilson, a déclaré ne pas s'attendre à une hausse des coûts de l'entreprise du fait de cette reconnaissance.

La décision de Ryanair a été formalisée par une lettre adressée aux syndicats de pilotes irlandais, britannique, allemand, italien, espagnol et portugais vendredi à 08h00 GMT.

Dans ce courrier, la direction propose d'ouvrir des discussions pour reconnaître formellement les syndicats et demande en échange qu'aucune grève n'ait lieu.

En Italie, l'Anpac, le premier syndicat des pilotes, a annoncé qu'il suspendait son appel à un arrêt de travail de quatre heures ce vendredi. Le syndicat Fit-Cisl, qui compte moins d'adhérents, a maintenu son mot d'ordre de grève.

L'Anpac, de même que le syndicat des pilotes irlandais Ialpa, qui a déposé un préavis de grève pour le 20 décembre, ont demandé à voir d'urgence la direction de la compagnie.

Les autres syndicats de pilotes en Europe ont dit examiner leur position.

En Allemagne, le syndicat des pilotes Vereinigung Cockpit a dit qu'il étudiait les annonces de Ryanair.

En Grande-Bretagne, le syndicat Balpa a accepté la proposition d'ouvrir des discussions, saluant un "changement de position bienvenu".

"Nous prenons au mot Ryanair", a déclaré Brian Strutton, président du Balpa, en rappelant que son syndicat est reconnu par plus de 20 compagnies basées au Royaume-Uni.

Au Portugal, le syndicat des pilotes n'a pas précisé s'il suspendait un préavis de grève déposé pour le 20 décembre dans le sillage de son homologue irlandais.

(Conor Humphries, Benoit Van Overstraeten et Jean-Stéphane Brosse pour le service français, édité par Tangi Salaün)