En élaborant un nouveau modèle de fonctionnement économique, le concept de microcrédit caractérise parfaitement l'économie sociale et solidaire. Les partisans du microcrédit sont convaincus que l'insertion sociale passe inéluctablement par une intégration économique.

Et l'accès au capital garantit cette intégration, elle même source de transformation socioculturelle. En effet, cet instrument assure non seulement aux bénéficiaires un revenu disponible mais aussi une dignité et de nouvelles valeurs de responsabilité et d'épanouissement personnel.

Certains vont même plus loin et voient dans le microcrédit l'expression du dysfonctionnement de l'interventionnisme étatique. Car là où les banques nationales ont échoué, les entrepreneurs privés ont réussi, grâce à leur capacité d'innovation et à leur dynamisme, à offrir un service de qualité à des millions de personnes.

Il n'en faut pas plus pour enthousiasmer les détracteurs des politiques gouvernementales qui considèrent le mécanisme de microcrédit comme la preuve de l'efficience absolue du marché. La fin de la pauvreté serait donc entre les mains du marché autorégulateur ? Pas si sûr...

C'est en 1977 que Muhammad Yunus, alors jeune professeur émérite d'économie, instaure au Bengladesh le premier programme de microcrédit, la banque Grameen. Il est persuadé des effets positifs des micro-prêts. Il en a même fait l'expérience en prêtant de sa poche des petites sommes (entre 30 et 50 dollars) aux habitants de son village, et a très vite noté l'amélioration de leurs conditions matérielles et surtout l'absence de défaut de remboursement.

Son modèle économique s'exportera aux quatre coins de la planète dans les années 90. En 2009, le volume des microcrédits non bancaires en France atteint 63 millions d'euros (Les Echos 26/05).

La philosophie du "banquier des pauvres" est simple : chacun, s'il a accès au capital, est en mesure de réussir sa vie. Si le marché paraît être la clé de l'intégration économique, il est nécessaire qu'un élément lui étant extérieur (l'Etat, une banque, Muhammad Yunus) fasse office de catalyseur et offre aux plus démunis l'opportunité de tenter leur chance.

Et ça marche ! Cet "outil d'utilité sociale et économique", comme se plait à l'appeler Christine Lagarde, a permis la création de nombreuses entreprises pérennes. Selon l'Adie, en France en 2009, 65% des entreprises financées par le microcrédit sont toujours en activité deux ans après.

Efforts pédagogiques et avancées institutionnelles
Il ne reste plus qu'à mieux faire connaitre le microcrédit, car si le contexte de crise actuel a engendré un regain d'intérêt, des obstacles perdurent. D'après un sondage Ipsos pour l'agence d'aide à la coopération technique et au développement (Acted), seuls 22% des Français savent précisément ce qu'est le microcrédit. Il est donc nécessaire de promouvoir cet instrument financier tout en élargissant le cadre réglementaire en ratifiant certains textes législatifs qui ne sont pas encore entrés en vigueur.