par Gwénaëlle Barzic

PARIS, 27 juillet (Reuters) - La direction de SFR a annoncé aux organisations syndicales qu'elle prévoyait de réduire d'un tiers ses effectifs à compter de la fin de ses engagements sur l'emploi en 2017, a-t-on appris mercredi de sources syndicales.

L'opérateur télécoms, racheté par Altice fin 2014, pourrait ainsi ramener à 10.000 le nombre de ses salariés en supprimant 5.000 postes d'ici 2019, ont précisé les sources.

"La directrice des ressources humaines a annoncé mardi que SFR prévoyait 5.000 suppressions de postes à horizon 2017", a dit l'une des sources en précisant que l'annonce avait eu lieu lors d'une réunion consacrée à la réorganisation de la distribution chez l'opérateur.

Une autre source a précisé que la direction du numéro deux des télécoms s'était engagée à ce que le niveau des effectifs ne descende pas sous le seuil de 10.000 d'ici 2019, contre 15.000 aujourd'hui.

Un porte-parole de SFR n'a pas souhaité commenter le chiffre avancé par les sources syndicales.

"SFR a un engagement sur l'emploi jusqu'en 2017 que nous respecterons", a-t-il dit.

"Nous avons des réunions de travail avec les syndicats depuis plusieurs mois pour préparer la nécessaire réorganisation de SFR", a-t-il ajouté en réfutant l'existence d'un plan social.

Les dirigeants de SFR ont déjà laissé entendre à plusieurs reprises qu'ils pourraient revoir à la baisse les effectifs du groupe sur un marché français des télécoms très concurrentiel et après l'échec répété de tentatives de consolidation.

Courant juin, le propriétaire de SFR, le magnat des télécoms Patrick Drahi, avait évoqué à New York des "sureffectifs" chez l'opérateur français.

Fin juin, le PDG de SFR Michel Combes avait déclaré devant les parlementaires que la société serait contrainte d'adapter ses effectifs après mi-2017 pour rester compétitive.

"Il est assez évident que des adaptations seront nécessaires pour que SFR puisse rester compétitif sur le marché très difficile qui est le nôtre", avait souligné Michel Combes lors d'une audition à l'Assemblée nationale.

"Nous avons pris des engagements sur l'emploi à la demande du gouvernement et des partenaires sociaux. Nous respecterons évidemment ces engagements même s'il s'agit d'une situation inédite, frustrante pour les salariés (..) et pénalisante pour l'entreprise", avait-il ajouté.

Lors du rachat de SFR au groupe Vivendi en 2014, Patrick Drahi s'était engagé à ne pas toucher à l'emploi pendant trois ans, soit jusqu'en juillet 2017.

Le groupe souhaite simplifier l'organisation de SFR, issu du rapprochement de plusieurs entreprises, en unifiant notamment les systèmes d'information et les fonctions support.

Concurrents de SFR, Bouygues Telecom a déjà mis en oeuvre deux plans de départs volontaires représentant environ 2.000 suppressions de postes tandis que l'opérateur historique Orange a décidé de ne pas remplacer une partie des départs en retraite.

"Patrick Drahi est capable de faire du cost-cutting, le marché l'a bien intégré. Mais ce sur quoi le marché l'attend aujourd'hui, c'est sur sa capacité à retenir ses clients, à reconstituer la top line", souligne Agathe Martin, analyste à Exane BNP Paribas.

"SFR sait couper les coûts, ils l'ont déjà montré. Mais vous pouvez couper les coûts autant que vous voulez, une fois que vous les aurez tous coupés, comment pourront-ils reconstituer la top line ?", s'interroge-t-elle.

SFR, qui a perdu un nombre important d'abonnés l'an dernier en raison notamment de critiques sur la qualité de son réseau, doit publier ses résultats semestriels début août.

(Edité par Dominique Rodriguez)

Valeurs citées dans l'article : Numericable Group, Altice A