Le résultat opérationnel du fabricant des sacs Birkin et des "carrés" de soie a grimpé de 26,4% et franchi la barre du milliard d'euros, à 1,119 milliard, dépassant légèrement le consensus Thomson Reuters I/B/E/S (1,08 milliard).

La marge opérationnelle a elle aussi encore progressé pour s'établir à un niveau historique de 32,1%, hissant Hermès dans le club des marques de luxe les plus rentables, aux côtés de Louis Vuitton (groupe), Cartier (Richemont) ou Gucci (PPR). Lors de son introduction en Bourse en 1993, la marge était de seulement 14%.

En 2013, la rentabilité sera "probablement un peu moins bonne", a cependant déclaré jeudi Patrick Thomas, gérant du groupe, évoquant des effets de change moins favorables qu'en 2012, le renchérissement des matières premières et des efforts de communication accrus (les dépenses de communication ont atteint 5,2% des ventes du groupe en 2012).

La croissance de l'industrie du luxe exerce de fortes pressions sur les approvisionnements, tirant les prix à la hausse et entraînant une intégration progressive de leurs fournisseurs par des groupes soucieux de sécuriser leurs approvisionnements.

Hermès, déjà autosuffisant en peaux exotiques (avec quatre sites, en France, aux Etats-Unis et en Italie) a franchi une nouvelle étape en rachetant la tannerie ardéchoise d'Annonay, un de ses fournisseurs historiques en peaux de veau haut de gamme.

Le mouvement pourrait ne pas s'arrêter là. "Nous irons jusqu'où il faudra aller pour assurer l'unicité de nos objets", a souligné Patrick Thomas.

Hermès disposait à la fin 2012 d'une trésorerie nette de 686 millions d'euros.

ÉLÉMENTS "ACCABLANTS"

Le sellier de la rue du Faubourg Saint-Honoré a fini l'année 2012 sur une forte accélération de sa croissance au quatrième trimestre, lui permettant de signer l'une des meilleures performances du secteur du luxe avec des ventes en hausse de 16,4% à taux constants.

Toujours prudents, les dirigeants d'Hermès préfèrent s'en tenir à leur prévision de 10% de croissance à taux de change constants, un cap de long terme qui est largement dépassé depuis plusieurs années. "L'environnement crée des conditions d'exploitation imprévisibles", a souligné Patrick Thomas.

Malgré une demande très soutenue et des capacités de production volontairement limitées, Hermès n'entend pas procéder à d'importantes hausses de prix, même au Japon où la rentabilité risque de souffrir de la baisse du yen face à l'euro.

Hermès, qui comme Louis Vuitton ou Gucci a nettement réduit son rythme d'ouvertures de magasins pour rester désirable, ouvrira trois boutiques en 2013 (en Chine, au Japon et chez Harrod's en Angleterre), mais procédera aussi à une quinzaine de rénovations lui permettant d'agrandir ses surfaces de vente.

Interrogé sur les motifs d'un dépôt de plainte avec constitution de partie civile contre LVMH - qui a donné lieu à l'ouverture d'une information judiciaire sur les conditions de son entrée au capital d'Hermès - Patrick Thomas a déclaré que le groupe disposait "d'éléments assez accablants" concernant notamment des opérations réalisées au Panama et au Luxembourg.

Il a à nouveau souhaité que la participation de LVMH (22,6%) diminue, afin de "permettre au flottant de fonctionner, c'est-à-dire d'atteindre au moins 15% à 20%" (moins de 5% aujourd'hui).

UNE SUCCESSION DANS LA CONTINUITÉ

Gérant du groupe depuis 2006, Patrick Thomas s'apprête à passer le relais à un membre de la famille. Axel Dumas, neveu de Jean-Louis Dumas, patron d'Hermès pendant près de 30 ans, deviendra cogérant à compter de l'assemblée générale du 4 juin.

"La stratégie se fera dans la continuité", a simplement déclaré Axel Dumas.

Le résultat net atteint 740 millions d'euros, dépassant le consensus Thomson Reuters de 709,4 millions. Le dividende proposé est relevé de 50 centimes à 2,5 euros.

En Bourse, le titre gagne 0,9% à 259 euros, en hausse de 14% depuis début janvier, pour une capitalisation de 27 milliards. Décorrélés du secteur, ses multiples de valorisation atteignent 34 fois les bénéfices estimés pour 2014, selon les données Thomson Reuters, contre 17,6 fois en moyenne pour le secteur.

Edité par Dominique Rodriguez

par Pascale Denis