Le canadien insiste sur le fait qu'il a fuit les médias pendant des années et que sa rencontre avec le recteur de l'université d'Ottawa constitue une sorte de « première ». « Je me suis esquivé pendant cinq ou six ans, mais le recteur m'a finalement trouvé », commence par déclarer Paul Desmarais au journaliste Denis Gratton : « alors le bon recteur [Gilles Patry, recteur de l'université d'Ottawa, NDLR] m'a couru après pendant cinq ou six ans, mais avec l'aide de ma secrétaire, je disparaissais. On disait au recteur : 'M. Desmarais ne peut pas vous voir ce mois-ci, il est en Europe. Il ne peut pas vous voir ce mois-ci, il est malade. Il ne peut pas vous voir ce mois-ci, il est à Shanghai'. En tout cas, je me suis esquivé pendant cinq ou six ans, mais le recteur m'a finalement trouvé et m'a persuadé que je devrais donner un tel montant ».

Paul Desmarais, et les « turn around »
Puis le canadien enchaîne sur son histoire personnelle : « quand j'ai quitté l'Université, en 1951, j'avais mon bac en commerce mais je venais de perdre une compagnie fictive que je gérais dans le cadre d'un exercice scolaire. (...) Je suis donc rentré chez moi à Sudbury en faillite et en me disant : 'il faut que je fasse un turn around' [ici : une « remise sur pied », NDLR] . (...) Et avec le temps, je suis devenu expert en turn around. Mais quand les gens venaient me voir pour un don, je leur répondais que mon turn around n'était pas fini ».

« A ce moment-là, j'étais prêt. Le turn around était complété », a lancé M. Desmarais selon Le Droit, qui rapporte aussi que cette saillie humoristique a fait rire la foule.

Vive le français libre !
« Très attentif aux intérêts de la province de Québec » selon ses propos, M. Desmarais a enchaîné sur l'importance, à ses yeux, de la défense de la langue française. « Il est important de redonner parce qu'il faut maintenir nos institutions et surtout des institutions bilingues et canadiennes françaises », a-t-il déclaré au Droit.

« Il ne faut pas être gêné de parler le français, peu importe où l'on fait des affaires », a déclaré le patron de Power Corporation. « Quand on arrive quelque part, qu'on parle le français et que le bonhomme ne comprend pas, c'est son problème. Il n'a qu'à trouver un interprète. (...) Moi, ça ne me gêne pas du tout de parler français, on m'accommode. Des gens partout dans le monde parlent deux ou trois langues. Bon, il serait peut-être mieux de parler le chinois en Chine, mais c'est plus difficile à apprendre à mon âge », a-t-il déclaré du haut de ses 81 ans.

Mais il reste avant tout un homme d'affaires ouvert sur le monde : « si quelqu'un arrivait demain matin et te disait : 'j'ai une compagnie à te vendre aux États-Unis', dirais-tu : 'je ne veux pas y aller parce que je suis francophone' ? Ce serait stupide. C'est aux jeunes de la province de Québec de conquérir le reste du pays ». A propos, son holding Power Corp du Canada détient de multiples filiales, dont le journal Le Droit en fait partie. Comme quoi, Paul Desmarais ne s'est pas aventuré bien loin de chez lui !