ComCast, propriétaire du réseau télévisé NBC et du studio de cinéma Universal Pictures, propose 12,50 livres par action, un niveau supérieur au prix de 10,75 livres fixé dans la transaction, annoncée en décembre 2016, censée permettre à Fox de racheter les 61% de Sky qu'il ne possède pas encore.

"Sky et Comcast sont parfaitement complémentaires: nous sommes tous deux des leaders dans la création et la distribution de contenus", a dit le directeur général de Comcast, Brian L. Roberts, dans le communiqué du groupe américain.

"Nous pensons que Sky est une société exceptionnelle."

Le projet de Fox de prendre le contrôle total de Sky a été retardé par les inquiétudes des autorités britanniques. Ces dernières redoutent qu'une telle opération donne trop d'influence à Rupert Murdoch, déjà propriétaire de journaux, sur le paysage médiatique en Grande-Bretagne.

De son côté, Disney propose de racheter pour 52 milliards de dollars (42,2 milliards d'euros) d'actifs de Fox, dont Sky, une fois que le groupe de Rupert Murdoch aura mis la main sur l'intégralité du réseau de télévision payante.

Les dernières opérations de fusions et acquisitions reflètent la pression exercée sur les réseaux de télévision câblée, qui perdent des clients au profit des services de vidéo sur demande comme Netflix et Amazon.com.

L'action Sky s'adjuge 20,679% à 1.333,5 livres vers 11h02 GMT à Londres, les investisseurs pariant sur une bataille boursière.

"La réaction initiale du titre laisse penser que cette affaire n'est pas terminée, d'où l'envolée du titre Sky au-dessus du prix offert par Comcast", souligne Richard Hunter, responsable des marchés chez Interactive Investor.

PLURALITÉ DES MÉDIAS

Certains analystes ont cependant des doutes à ce sujet.

"Toute la question est de savoir si nous allons avoir une réponse de la part de Disney et de Fox – notre impression est que Disney est effectivement intéressé par les actifs de Sky en Europe, mais pourrait décider qu'il a suffisamment à faire aux Etats-Unis plutôt que de s'engager dans un processus européen de surenchère", écrit l'intermédiaire Investec dans une note.

Comcast a dit n'avoir encore engagé aucune discussion avec Sky sur sa proposition et Sky refuse de s'exprimer sur le sujet.

"Nous aimerions posséder l'intégralité de Sky et nous allons chercher à acquérir plus de 50% des actions Sky", a dit Brian L. Roberts. "L'innovation est au coeur de notre activité: en associant les deux sociétés nous créons d'importantes opportunités de croissance."

Le président de Sky est un fils de Rupert Murdoch, James, qui est aussi directeur général de 21st Century Fox, ce qui signifie que Comcast pourrait devoir chercher le soutien des actionnaires indépendants pour sa proposition.

Outre les craintes d'une influence excessive de Rupert Murdoch sur la presse britannique s'il prend le contrôle total de Sky, des actionnaires de la télévision payante ont aussi commencé à se plaindre du niveau de l'offre de Fox, jugée trop faible.

La semaine dernière, Fox a renforcé ses propositions garantissant l'indépendance de Sky pendant dix ans pour tenter d'obtenir le feu vert des autorités britanniques.

Comcast de son côté a souligné qu'il n'avait qu'une présence minimale sur le marché britannique et que son offre ne faisait donc peser aucune menace sur la pluralité de la presse.

Le groupe américain dit reconnaître que Sky News représente une "part inestimable du paysage médiatique au Royaume-Uni" et il s'est engagé à en préserver la marque et la culture.

"Nos positions fortes sur les marchés sont complémentaires, la place de premier plan de Sky en Europe renforçant notre position dominante aux Etats-Unis", a dit Brian L. Roberts.

Disney a également refusé de s'exprimer sur le sujet.

(Avec Michael Holden, Bertrand Boucey et Juliette Rouillon pour le service français)

par Kate Holton