Twenty-First Century Fox, son groupe, a annoncé que Sky News pourrait être vendue à son concurrent américain Walt Disney ou isolée du groupe.

Le projet de Fox de prendre le contrôle total de Sky, annoncé en décembre 2016, a été retardé par les autorités britanniques qui craignent qu'une telle opération ne donne trop d'influence à Rupert Murdoch, déjà propriétaire de journaux, sur le paysage médiatique en Grande-Bretagne.

Fox, qui détient 39% de Sky, avait déjà promis de doter Sky News d'un conseil d'administration indépendant mais certains politiciens en vue - dont l'ancien chef travailliste Ed Miliband - restent résolument opposés au projet vu la forte influence qu'exerce déjà Rupert Murdoch via le Sun et le Times.

Ce report a permis au numéro un du câble aux Etats-Unis Comcast d'intervenir en présentant en février une offre de 22,1 milliards de livres (25,05 milliards d'euros) sur Sky, défiant aussi bien Fox que Disney. Comcast n'a cependant pas encore présenté d'offre formelle sur Sky.

Alors que son accord avec Sky attend toujours le feu vert des autorités, Fox a accepté de son côté de céder une série de ses actifs, y compris les 39% qu'il détient dans Sky, à Walt Disney, ce qui retire potentiellement Rupert Murdoch de l'équation Sky.

FOX A PROBABLEMENT DÉJÀ L'ACCORD DE DISNEY

Fox a déclaré mardi que ses concessions allaient au-delà des mesures réclamées par l'autorité britannique des télécoms, l'Ofcom, pour apaiser ses craintes sur l'influence supposée de l'homme d'affaires.

Le groupe doit toutefois également convaincre l'autorité britannique de la concurrence, ainsi que le gouvernement.

"Nous avons travaillé assidûment avec la CMA (Competition and Markets Authority) tout au long de son examen approfondi", a dit Fox mardi. "En fait, nous pensons que les remèdes de protection ("firewall") renforcée que nous avons proposés pour préserver l'indépendance de Sky News répondent de façon exhaustive et constructive aux préoccupations de la CMA."

Outre la possibilité d'isoler Sky News du groupe, Disney a exprimé son intérêt pour son rachat, quelle que soit l'issue de son offre sur 52 milliards de dollars (42,2 milliards d'euros) de ses actifs, a souligné Twenty-First Century Fox.

Le fonds activiste Elliott Capital a pour sa part acquis une participation dans Sky ces derniers mois et a indiqué mardi que celle-ci avait atteint 2,84%, sans plus de commentaires.

L'action Sky a fini en hausse de 2,1% à 13,25 livres vers à la Bourse de Londres, un niveau de cours supérieur aussi bien au prix offert par Fox et qu'à celui proposé par Comcast.

Les analystes de Liberum jugent que les dernières concessions de Fox devraient suffire à s'assurer du feu vert de la CMA. Ils ajoutent que deux éléments peuvent laisser penser que Fox pourrait proposer une surenchère à l'offre de Comcast.

D'une part, Fox a déjà dû obtenir l'accord de Disney pour avoir proposé ces concessions, d'autre part, les administrateurs indépendants ont fait savoir qu'ils resteraient focalisés sur la maximisation de valeur pour les actionnaires, disent-ils.

De plus, l'accord de partage de contenu entre Sky et Mediaset en Italie, qui met fin à une rivalité de longue date dans la TV payante entre les deux groupes, augmente la valeur de Sky.

(Juliette Rouillon et Claude Chendjou pour le service français, édité par Bertrand Boucey)

par Paul Sandle