La CMA propose néanmoins des mesures de compromis pour permettre cette opération de 11,7 milliards de livres (13,34 milliards d'euros).

Cette décision complique le projet de Walt Disney de racheter de nombreux actifs de Twenty-First Century Fox, y compris l'activité européenne de télévision par satellite de Sky. Disney espérait que le groupe de Rupert Murdoch aurait pris le contrôle total de Sky au moment de la finalisation de cette opération.

La CMA (Competition and Markets Authority) britannique a jugé mardi que le rachat de l'intégralité du capital de Sky par Fox n'était pas conforme à l'intérêt général et qu'une des façons de limiter l'influence de Rupert Murdoch au Royaume-Uni pourrait être de se séparer de Sky News, ou bien de l'isoler de Fox. Une troisième option serait d'interdire l'opération.

Le régulateur a par ailleurs indiqué qu'il ne s'opposerait pas à ce que Disney soit propriétaire de Sky.

"Nous avons considéré à titre provisoire que si la fusion Fox/Sky se déroulait de la manière dont elle est proposée, ce serait contraire à l'intérêt général", a dit Anne Lambert, de la CMA.

"Cela aboutirait à ce que la famille Murdoch exerce un contrôle trop important sur les fournisseurs d'informations au Royaume-Uni et une influence trop importante sur l'opinion publique et le débat politique", a-t-elle ajouté.

Fox a exprimé sa déception à l'annonce de ce jugement provisoire, tout en relevant que l'autorité britannique de la concurrence reconnaissait son engagement sincère à respecter les normes en vigueur en Grande-Bretagne malgré les récentes accusations de harcèlement sexuel secouant le groupe aux Etats-Unis.

Sky, qui a aussi des intérêts en Allemagne et en Italie, a fini en hausse de 2,2% à 10,26 livres à la Bourse de Londres après ces annonces. En décembre 2016, Fox avait proposé de payer 10,75 livres par action pour les 61% du groupe qu'il ne détenait pas encore.

"C'est une bonne nouvelle aujourd'hui que le régulateur ne bloque pas la transaction", a déclaré Michael Wegener, directeur associé du fonds spéculatif Case Equity Partners, actionnaire de Sky.

"Les Murdoch trouveront des solutions qui fonctionnent autour de Sky News", a-t-il fait valoir.

Fin 2016, l'offre de Fox avait relancé le débat politique en Grande-Bretagne sur son influence à travers les journaux comme le Sun et le Times, ainsi que sa participation dans Sky, la principale plate-forme de télévision payante du pays.

Les opposants à cet accord soutiennent que Murdoch pourrait avoir une influence sur la ligne éditoriale de Sky News, la plus regardée des chaînes d'information en continu au Royaume-Uni.

Sky a prévenu que si l'accord devait être rejeté à cause de Sky News, la chaîne d'information déficitaire pourrait tout simplement être fermée.

Le gouvernement, à qui reviendra la décision finale, a demandé à la CMA de déterminer si Murdoch avait trop d'influence en Grande-Bretagne et s'il respectait les règles en matière de diffusion.

Le nouveau secrétaire britannique aux Médias, Matt Hancock, a déclaré mardi qu'il se prononcerait sur l'accord avant le 14 juin, 30 jours ouvrés après la date à laquelle il devrait recevoir le rapport final de la CMA.

(Paul Sandle, Juliette Rouillon et Claude Chendjou pour le service français, édité par Véronique Tison)

par Paul Sandle et Kate Holton

Valeurs citées dans l'article : Walt Disney Company (The), Sky, Twenty-First Century Fox