* Mise en examen de Pascal Wilhelm

* Stéphane Courbit pas poursuivi dans l'immédiat

* Visioconférence avec Patrice de Maistre et un avocat suisse (Actualisé avec confrontation Merkt-Maistre, derniers paras)

BORDEAUX, 14 juin (Reuters) - L'ancien mandataire et avocat de l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt, Pascal Wilhelm, a été mis en examen pour abus de faiblesse, a-t-on appris jeudi de source proche du dossier.

Le juge d'instruction bordelais Jean-Michel Gentil lui a notifié sa mise en examen mercredi soir et l'a laissé en liberté. L'abus de faiblesse présumé porte sur la manière dont il a exercé son mandat de protection auprès de la milliardaire, a-t-on précisé de même source.

Egalement placé en garde à vue, l'homme d'affaires Stéphane Courbit, dirigeant d'une entreprise de jeux en ligne, a été remis en liberté mardi au terme de sa garde à vue, sans convocation ni poursuite dans l'immédiat. L'ex-infirmier de Liliane Bettencourt, Alain Thurin, a aussi été libéré mais sera convoqué prochainement par le juge.

Les trois hommes étaient interrogés notamment sur un investissement de 143 millions d'euros consenti en 2011 par la milliardaire et qui pourrait constituer un abus.

La police enquête également sur la modification du testament de la milliardaire qui confiait la gestion de centaines de millions d'euros en assurances-vie à Me Wilhelm jusqu'à ce que ses petits-fils atteignent la quarantaine et attribuait d'autre part une large dotation à l'infirmier.

Pascal Wilhelm a brièvement géré en 2011 les intérêts de Liliane Bettencourt, au bénéfice d'un mandat de protection révoqué en octobre par la justice, qui a ordonné le placement sous tutelle de la milliardaire. Elle souffre de démence depuis 2006 au moins, selon une expertise. (voir )

LES TROUS DE MÉMOIRE DE BETTENCOURT

Selon une déposition devant le juge des tutelles de juillet 2011 publiée par Le Monde, Liliane Bettencourt a dit ne pas se souvenir de cet investissement, ne pas savoir ce qu'étaient les jeux en ligne et ne pas connaître Stéphane Courbit, qui est un proche de Me Wilhelm.

La titulaire de la 15e fortune mondiale, selon le classement de Forbes, précise : "Je n'ai pas de grosse somme d'argent à investir". Elle dit à propos de Me Wilhelm et des 143 millions : "Si c'est Pascal qui l'a fait, c'est sérieux et je n'ai aucune inquiétude".

Lors d'une autre déposition de février 2012 sur le testament modifié, Liliane Bettencourt ne se souvient plus qui est Me Wilhelm et dit n'avoir rien demandé : "C'est qui Wilhelm ? Mais qu'est-ce qui lui a pris ?".

Après la découverte de cet épisode, un remboursement des 143 millions d'euros avait été annoncé mais il n'est pas effectif à ce jour, a admis Stéphane Courbit dans un entretien aux Echos en avril, où il précisait que "120 millions (avaient) d'ores et déjà été utilisés". Son groupe, en grande difficulté, semble avoir été renfloué par cette opération.

Les magistrats conduisent depuis fin 2010 cette enquête qui a débouché sur des poursuites contre des membres de l'entourage de la milliardaire de 89 ans et sur une autre piste politique susceptible de conduire à Nicolas Sarkozy pour le financement de sa campagne présidentielle en 2007.

L'ancien homme de confiance de Liliane Bettencourt Patrice de Maistre, écroué depuis le 23 mars, a été confronté par visioconférence jeudi avec l'avocat suisse René Merkt, impliqué dans des retraits d'argent en espèces, a-t-on appris auprès des avocats de Patrice de Maistre.

A l'issue de la confrontation qui n'a rien apporté de nouveau, les deux hommes assurant qu'ils ne savaient rien de la destination finale de l'argent, les avocats de Patrice de Maistre ont demandé une quatrième demande de remise en liberté de leur client au juge d'instruction.

Il a selon la procédure dix jours pour y apporter une réponse. Le juge Jean-Michel Gentil avait déjà confronté Patrice de Maistre vendredi dernier avec trois anciens membres du personnel de la famille Bettencourt, l'ex- majordome Pascal Bonnefoy, l'ex-comptable Claire Thibout et l'ex-femme de chambre Dominique Gaspard. (Claude Canellas, édité par Patrick Vignal)