BORDEAUX, 11 février (Reuters) - Une confrontation entre trois protagonistes de l'affaire Bettencourt s'est déroulée lundi dans le bureau des juges bordelais Jean-Michel Gentil et Cécile Ramonatcho, autour de l'investissement de 142 millions d'euros effectué par Liliane Bettencourt dans la holding de Stéphane Courbit, LOV Group Industrie.

Les trois hommes, Patrice de Maistre et Pascal Wilhelm, déjà mis en examen, et Stéphane Courbit, placé sous le statut de témoin assisté, sont arrivés séparément au tribunal de Bordeaux avec leurs avocats.

Les juges d'instruction cherchaient à déterminer dans quelles conditions l'héritière de L'Oréal avait pu effectuer cet investissement en deux fois, en décembre 2010 et mai 2011, avant qu'elle ne soit placée sous tutelle un mois plus tard sur la base d'une expertise médicale constatant un état de démence depuis septembre 2006.

Lundi, Stéphane Courbit, homme d'affaires dans les secteurs des jeux en ligne, de l'énergie et de la production audiovisuelle, a été confronté à l'avocat Pascal Wilhelm, mis en examen dans ce dossier pour complicité d'abus de confiance aggravé après avoir été mis en examen en juin 2012 pour abus de faiblesse dans un autre volet de l'affaire.

L'avocat parisien pourrait avoir conseillé à Liliane Bettencourt de procéder à cet investissement alors qu'il était à la fois l'avocat de Stéphane Courbit et le nouveau gestionnaire du patrimoine de la milliardaire.

Il avait succédé en décembre 2010 à Patrice de Maistre, mis en examen pour abus de faiblesse, abus de biens sociaux et trafic d'influence dans d'autres volets de l'affaire Bettencourt, ce qui lui a valu d'être placé durant trois mois en détention provisoire.

Selon des sources proches du dossier, Me Wilhelm avait indiqué au juge que Patrice de Maistre n'était pas étranger à cette affaire, d'où la présence de celui-ci lors de la confrontation.

Stéphane Courbit, à la recherche d'investisseurs, avait en effet cherché à contacter Patrice de Maistre en mai 2010 par l'intermédiaire de son avocat Pascal Wilhelm.

L'affaire avait finalement capoté quand, le mois suivant, les enregistrements de conversations privées effectués au domicile de Liliane Betencourt par son majordome à l'origine de l'affaire judiciaire avaient mis en cause le gestionnaire de fortune.

En disgrâce, Patrice de Maistre avait passé le flambeau à Pascal Wilhelm en décembre 2010, le mois où la première partie de l'investissement dans LOV Group a été effectuée.

Lundi, Patrice de Maistre, simple témoin dans cette confrontation, a été le premier a sortir du tribunal, vers 16h30, tout sourire.

Dans la soirée, Stéphane Courbit et Pascal Wilhelm sont sortis à leur tour.

Le statut de témoin assisté de l'homme d'affaires n'a pas évolué, selon une source proche du dossier. (Claude Canellas, édité par Guy Kerivel)